Rousseau psychanalyste. À tous mes lecteurs étrangers
Il n’y a qu’en France et en Argentine qu’on croit encore que l’analyse de l’inconscient a commencé avec Freud. Je considère plutôt que Sigmund a tout embrouillé et qu’Homère, Bouddha, Lao Tseu, Socrate, Jésus, Pascal ou Rousseau voyaient beaucoup plus clair que lui. J’ai déjà eu l’occasion de traiter ici d’Homère et de Bouddha.
Avant de donner la parole à Rousseau, je souhaite adresser un mot à mes lecteurs étrangers. Il y en a beaucoup et j’en suis fier. J’en mets la liste en bas de ce billet. Oh, mes chers lecteurs du Kazakhstan, du Gabon, de Nouvelle-Zélande, de Chine ou d’Europe, je sais que nous sommes tous les mêmes, non seulement parce que nous possédons tous un estomac et un sexe, ces organes si sensibles et si précieux, mais encore parce que nous possédons tous un amour-propre, c’est-à-dire un souci extrême de l’estime que les autres portent à notre personne. Avouez, chers lecteurs cosmopolites ! Y a-t-il un seul d’entre vous, quelque soit votre culture, votre opinion politique et religieuse, la couleur de votre peau, qui puisse dire : Je ne suis pas fait comme ça ? N’êtes-vous pas heureux quand vous sentez que les autres vous apprécient et déprimés quand vous ne recueillez que leur indifférence ou leur mépris ?
Eh bien, Jean-Jacques Rousseau, qui avait hérité de la sagesse des moralistes jansénistes a placé l’amour-propre au cœur de sa psychanalyse, je revendique bravement ce terme pour lui. Le problème, c’est quand cet amour-propre est blessé :
Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même, et l’estime publique eut un prix. Celui qui chantait ou dansait le mieux, le plus beau, le plus fort, le plus adroit ou le plus éloquent devint le plus considéré, et ce fut là le premier pas vers l’inégalité, et vers le vice en même temps : de ces premières préférences naquirent d’un côté la vanité et le mépris, de l’autre la honte et l’envie. (Discours sur l’inégalité, G-F, p. 228)
Si on examine ces quatre termes que Rousseau énumère sans les commenter, on s’aperçoit que, loin d’être plus ou moins synonymes, ils constituent un carré parfait. Rousseau place d’un côté la vanité et le mépris. Quel est ce côté ? C’est, bien sûr, le côté où l’amour-propre se gonfle d’importance. Vous devenez alors vaniteux, tout comme moi, cher lecteur cosmopolite, ce qui veut dire plein de vide en français, et, par un jeu de bascule automatique, autrui se retrouve dégonflé d’autant à vos yeux, c’est-à-dire méprisé. La vanité et le mépris sont donc inséparables. De l’autre côté, continue Rousseau, se trouvent la honte et l’envie. Ce côté est celui où votre amour-propre se dégonfle, cher lecteur, et où vous êtes en proie à la honte, au sentiment de votre insuffisance et de votre indignité. Autrui et ses attributs se trouvent au contraire survalorisés de façon aussi automatique qu’ils étaient dégradés tout à l’heure : cela donne l’envie. On découvre donc que l’amour-propre a deux faces. Selon qu’il se gonfle ou se dégonfle, vous vous retrouvez en proie à la vanité ou à la honte et les sentiments que vous projetez sur autrui seront le mépris ou l’envie.
Vous voyez que l’amour-propre se décompose en 4 figures principales, pas en 3 ni en 5, mais en 4, même si on peut ensuite diversifier la palette des sentiments. Osons le dire : c’est le contenu vrai de l’inconscient qui vient d’être énoncé sous nos yeux. J'en fais vite le dessin. À appliquer à nos échanges quotidiens...
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Photo : Les Charmettes près de Chambéry où Rousseau fut heureux et que j'ai visitées avec Michèle par un froid de loup en 2009.