Vous y croyez, vous, à Roland Barthes ?
Moi, ch’sais pas…
Sur la recommandation du Monde, j’ai pris à l'Alcazar le cours de Barthes sur Le Neutre. Il commence par dire que la vérité est affaire de désir. J’aurais plutôt dit le contraire, mais passons... Après, il dit qu’il a changé de désir à la mort de sa maman. C’est bien triste, mais alors, s’il choisit maintenant la neutralité, tout ce qu’il a écrit avant s’écroule ou pas ? RB est une sorte d’éponge qui a gobé tous les dogmatismes à la mode, bien qu’ils fussent contradictoires entre eux, marxisme, freudisme, structuralisme. Il a conclu ses fameuses Mythologies en disant qu’en URSS, il n'y aurait plus de mythologie parce que la conscience allait être clarifiée... Il a commencé son opuscule sur Michelet, notre grand historien national, en le traitant de petit bourgeois idéaliste sans intérêt parce qu’il n'avait pas envisagé l’abolition du salariat… Mais le plus, c’est sa Mort de l’auteur qui a tourné la tête à plusieurs générations d’étudiants et asséché le cours des lettres pendant 40 ans. Barthes n'était pas gêné d'affirmer en même temps 1) que l’auteur d'un texte littéraire est mort parce que c’est un bourgeois, c’est-à-dire bon à fusiller, si je comprends bien, 2) que de toute façon, il n’existe pas, vu que « c’est le langage qui parle ».
Maintenant, voici que Barthes fait le choix de la neutralité en tout, en grammaire, en politique, en idéologie, en morale. Il fait l’éloge du scepticisme, de la fatigue, du silence, de la délicatesse, du sommeil, de la retraite, etc. Il est contre la colère et contre l’arrogance ! Il dit par exemple que les adjectifs sont arrogants parce qu’ils se permettent de mettre des étiquettes sur les gens et les choses. C’est pas un peu arrogant d’affirmer des choses pareilles ?
Drôle de livre : une immense compilation bourrée de mots grecs, mêlant des citations savantes tirées des 4 coins du monde de façon hétéroclite et aléatoire, ce qui donne au propos une allure gazeuse que seul peut se permettre un professeur au Collège de France. De pieuses notes en bas de page enchâssent chaque relique.
La cerise sur le gâteau, c’est quand l’ex grand inquisiteur ose écrire p. 35 (Seuil, 2002) : « Je suis toujours triste de la mort d’un auteur ». Je ris trop…
Je suis méchant... C’est que me cornent encore aux oreilles les Barthes a dit que… Barthes a dit que… du moindre étudiant proférant n’importe quelle platitude.
Photo : et lui, il est pas neutre ?
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