Une vie de consommateur avec un plan cul à la demande ?
J’ai commencé anéantir, le nouveau Houellebecq. Une fois de plus, on voit des individus, par exemple descendus fumer au pied de leur bureau en piétinant le bitume, sans se parler, enfermés chacun dans leur enfer personnel. La phrase de Tocqueville citée ce matin par Claude Habib dans l’émission de Finkielkraut s’applique parfaitement à leur cas :
Non seulement la démocratie fait oublier à chaque homme ses aïeux, mais elle lui cache ses descendants et le sépare de ses contemporains ; elle le ramène sans cesse vers lui seul, et menace de l’enfermer enfin tout entier dans la solitude de son propre cœur.
Le problème aujourd'hui, c’est que non seulement la filiation se déglingue, voyez les vieux dans les hospices, les couples qui se séparent, la transmission abîmée, mais la famille a mauvaise réputation : c’est le lieu de la domination masculine sur la femme et sur les enfants. La critique de la famille a commencé au temps de Salut les copains, s’est poursuivie en mai 68 et se continue avec la déconstruction qui accuse et ringardise l’hétérosexualité. La famille est donc prise en tenaille entre la poussée sociologique libérale et la pioche gauchiste.
Alors, on dit que Houellebecq est réac. C’est ma foi vrai, puisqu’il parle tout le temps de famille et de religion. Voici portant ce qu’écrivait en 1832 le socialiste Pierre Leroux :
Croyez‑vous que l’homme, soit arrivé, de progrès en progrès, à une époque où il passera sur la terre, comme l’animal, sans conscience et sans souci de la destinée générale ? Et regardez‑vous comme le dernier terme des lumières et de la raison de réduire 32 millions d’hommes à une existence purement phénoménale ?
Une existence purement phénoménale, ça veut dire une vie de consommateur avec un plan cul à la demande quand le besoin s’en fait sentir.
Leroux pensait que la religion catholique avait fait fausse route avec son enfer et son paradis hors du monde car, en vérité, c’est ici-bas et nulle part ailleurs qu’a lieu la survie de l’humanité, à travers les générations successives.
Voilà sans doute la métaphysique, qu’il nous faut, ou la religion, si vous préférez appeler ça comme ça. L’important c’est de bâtir sa vie dans une perspective temporelle plus longue que les années glorieuses de notre jeunesse. Œuvrer pour les générations futures, c’est d'abord agir pour nous-mêmes.
Photo : vu sur le cours Belsunce à Marseille.
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