Trésors des fonds de tiroirs
Que vous soyez, comme dit Verlaine, novices ou professes, mes chers lecteurs.trices, vous me feriez plaisir, comme fait René, de me faire part de vos commentaires sur brunoviard84@gmail.com. Mon cher René, donc, a bien aimé mon dernier billet sur les métaphores, surtout Ce sein rond est une colline (Giono). Et vous ? Il a dit aussi que la distinction chérie des profs entre métaphore et comparaison, il s’en branle un peu les neurones. Oui, il ne parle pas toujours très bien, René…
Une autre fois, c’était en janvier, il m’a dit que je raclais les fonds de tiroirs pour que nulla dies sine linea … Évidemment, j’ai protesté, et, pour se rattraper, il m’a cité Charles pas si beau de l’air ce jour-là. Je lui laisse la responsabilité de cette blague douteuse. Relisons :
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans. Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans, De vers, de billets doux, de procès, de romances, Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances, Cache moins de secrets que mon triste cerveau. C'est une pyramide, un immense caveau, Qui contient plus de morts que la fosse commune. - Je suis un cimetière abhorré de la lune, Où comme des remords se traînent de longs vers Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers. Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées, Où gît tout un fouillis de modes surannées, Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher, Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.
Pour faire bon poids en matière de tiroirs, je me permets de citer le titre d’un de mes livres de 2013, Les tiroirs de Michel Houellebecq et surtout un épisode des Grands chemins, merveilleux roman de Giono encore, qui raconte l’histoire d’un journalier, Tringlot, qui va de ferme en ferme louer ses bras. L’épicière du coin lui garde ses croûtes de fromage dans un tiroir. Il se retire dans la grange, sur la paille où il passera la nuit, et déballe son trésor emballé d’un papier journal avec un quignon de pain. Quel bonheur ! Le roi n’était pas son cousin, note Giono.
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