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Sur la gentrification de nos villes et villages


Jeudi, on est allé dans les carrières de Bonnieux assister à une table ronde sur l’architecture. Jacques Attali a ouvert la séance. Quelle belle intelligence ! Toujours tendu sur le fil de son propos, ne s’abandonnant à aucune digression et maîtrisant son narcissisme alors que tant d’orateurs ne pensent qu’à faire leur intéressant, faisant rire parfois, mais n’apportant rien de clair aux auditeurs qui ont fait le déplacement.

Dans la discussion, j’ai demandé aux architectes ce qu’ils avaient à proposer dans une discipline en crise. L’un d’eux a avoué qu’il n’en savait rien. Il était contre les tours mais n’aimait non plus les pavillons de banlieue au moment où il faut arrêter d’artificialiser notre terre-mère. Alors que faire ?

J’ai lu cette semaine deux articles sur la gentrification de Budapest sous la pression des fêtards de toute l'Europe et d’airbnb, et pareil à Naples. La plupart des villes y passent plus ou moins. Il n’y a qu’à se rendre sur la marché de Lourmarin le vendredi vers 11 heurs du mat’. On doit garer sa voiture à des km et entendre parler toutes les langues d’Europe. Les prix grimpent. Que se passe-t-il ? Il se passe que la plus grande partie du bâti ancien des villes et des villages est devenu inhabitable. Ça vous plairaît à vous de vivre dans un logement étriqué, obscur et sans air, dans une rue étroite, avec un escalier bien raide ? Les pauvres préfèrent vitre dans une HLM, comme on dit, avec parking, ascenseur, lumière et centre commercial pas loin. Dans les villages de France, comme à Barcelone, à Naples ou à Gênes, les volets des bas quartiers resteront de plus en plus fermés. Et c’est pas airbnb qui rouvrira les taudis. Les touristes prendront juste possession du bâti de caractère des centres historiques car le caractère est aussi dans les centres historiques. C’est normal.

Où je veux en venir ? À l’idée que 50 % du bâti ancien est devenu inhabitable dans Marseille, commune tentaculaire, comme à Cucuron et partout, il faut l’avouer. On cherche de l’espace pour sortir de l’alternative entre les tours et les lotissements à ras des mottes ? Réhabilitez sérieusement l’ancien ! Il faut faire sauter un pâté sur deux, donner de l’air et réhabiliter le meilleur au lieu de chercher désespérément de nouveaux champs de blé à bétonner…


Photo : vu à Auribeau en juin.

 

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