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Retour sur la Vierge noire



J’ai suivi mon intuition en mettant la Zingarella en titre et en illustration de mon dernier billet consacré à mon voyage à Vauvert. Ce n’est pas bien clair mais je vais tenter de me justifier.

Si je dis que j’avais découvert la Zingarella un jour plus tôt au MUCEM, j’accorde que ce n’est pas une raison suffisante. Mais nous savons bien que Vauvert est aux portes de la Camargue où est adorée Sara, la vierge noire des Saintes-Maries-de-la-mer. Qu’est-ce que c’est que cette Vierge noire ?

Wikipédia rapporte plusieurs traditions confuses et incertaines. Je retiens ce qui me plaît. Il y en a qui disent que cette Sara serait la servante noire des trois Maries qui ont abordé en Provence, Marie Salomé, Marie Jacobé et Marie-Madeleine. Il est bien suggestif que les gitans aient pris cette servante pour patronne.

L’Égypte adorait une autre déesse-mère, Isis, qui devait être bien sombre de peau, comme la terre la plus fertile du monde, la terre du delta du Nil. Quand j’ai visité le temple d’Isis sur l'île de Philae, j’ai pu voir que les chrétiens avaient martelé le visage de toutes les divinités païennes saut une, celle d’Isis. On voit même un bas-relief sur lequel Isis allaite Horus, un Horus bien grandin à la vérité qui se tient debout sur ses jambes et qui tend la bouche vers le sein de sa mère. Les chrétiens coptes ont immédiatement adopté cette maternité.

On dit encore que les Roms viennent d’Inde et que leur Sara ne serait autre que Kâli, la déesse noire de la destruction qu’on immerge tous les ans dans les eaux du Gange comme on fait encore aux Saintes-Maries.

Je trouve belles et parlantes ces trois évocations, la servante des 3 Maries, Isis et Kâli, trois étrangères, trois voyageuses.

Comme Gérard de Nerval, Michèle, tournait avant tout sa dévotion vers la figure maternelle de la Vierge Marie. Chez nous, on ne compte pas les statuettes de la Vierge. En avril encore, nous avons été émerveillés par les Vierges à l’enfant du Palais Abatellis à Palerme. Personnellement, je trouve que ce sont les protestants qui avaient raison et je me sens plus protestant que catholique, mais, franchement, je ne suis pas d’accord quand ils ne voient que du paganisme dans le culte marial. Où est le problème si ce paganisme nous renvoie au principe primordial de la terre-mère ? Je me fais même animiste !

Je pense enfin au Cantique des Cantiques : Nigra sum sed formosa, Je suis noire mais je suis belle. On n’en finira pas de méditer sur ce mais. J'ai noté cette phrase chez Proust : "les bien que sont souvent des parce que déguisés". Matilda, petite, ne disait-elle pas des glaces : C'est froid mais c'est bon !


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