Qui a fait les dieux ?

La grande opposition n’est peut-être pas entre paganisme et christianisme mais entre divinités masculines ou féminines. Michèle aimait la Vierge Marie et, après avoir lu Gérard de Nerval, nous avons nommé notre chatte égyptienne Isis. Nous avons aussi admiré dans le temple d’Isis à Philae un bas-relief que les chrétiens n’ont pas martelé où on voit Isis donnant le sein au petit Horus.

Je remarque que les néo-féministes contemporains n’ont pas osé s’en prendre à Dieu, figure pourtant typiquement patriarcale. Il y aurait tellement à dire... En 1830, Prosper enfantin, premier pape saint-simonien, avait pourtant prévenu que Dieu devait s’entendre comme androgyne : Dieu, Il et Elle. Déjà l'écriture inclusive. Cette théologie immanentiste et animiste n’a pas malheureusement pas fait fortune. Qu’attendent les filles ?

Ces remarques permettent de trancher de la façon la plus indubitable la question de savoir si ce sont les hommes qui font les dieux ou les dieux qui font les hommes… On voit bien que ce sont des barbus qui ont fait Dieu puisqu’ils n’ont même pas songé à effacer ses attributs masculins, à commencer par ses attributs grammaticaux et sa qualité de Père. C’est une vraie carte de visite que les théologiens mâles ont laissée : ils ont fait Dieu à leur image !

Merci à mon ami Jacques de m’avoir fait connaître la magnifique page d’Apulée où Isis apparaît sous la forme de la lune qui préside "sur terre, aux cieux, au fond des eaux, à l’accroissement des corps et à leur décroissement ». Et sous la forme de  Vénus "qui, dès les premiers jours du monde, donna l’être à l’Amour pour faire cesser l’antagonisme des deux sexes, perpétuer par la génération l’existence de la race humaine, et dont la secourable assistance au travail de l’enfantement a peuplé le vaste univers ».

Houhou, les filles, à quand une théologie féministe ?