Quelle religion pour Noël ?
Peut-on avoir deux religions ? Rien sûr que oui ! Regardez : au XVIII° siècle, les Français avaient deux religions, la religion catholique tenait toujours debout bien qu’elle fût de plus en plus critiquée et qu'elle ait été bientôt prise d’assaut par la Révolution, mais, dans la littérature, en peinture, en architecture, c’est le modèle gréco-romain et sa mythologie qui étaient omniprésents. La Révolution et l’Empire furent vécus sur le modèle romain. « Ils ne croyaient ni à l’une ni à l’autre de ces religions », ironisa Pierre Leroux, convaincu qu’un peuple ne peut vivre sans religion, opinion partagée de nos jours par Michel Houellebecq.
Eh bien, nous, c’est pareil ! On a le Noël du petit Jésus et le Noël du père Noël. On nous a expliqué ce matin à la radio que ce père Noël n’était autre que Saint Nicolas qui avait perdu son nom. Peut-être. N’empêche qu’il s’est complètement déchristianisé. Hier, je vais m’acheter une bouteille de whisky à Super U (le Noël du philosophe). Qu’est-ce que je vois ? Les caissiers étaient tous affublés d’un ridicule bonnet de père Noël. J’ai reculé, refusant de participer à cette mascarade. Les Européens ont donc deux religions à Noël et je sais bien de quel côté penche la balance.
Sérieusement, si on veut parler de syncrétisme, je propose de repenser à l’amalgame du 25 décembre et du solstice. Quel beau mythe que celui de la nativité de Jésus avec la crèche, le bœuf et l’âne, les rois mages, etc. ! Quelles belles images ! Et quelle bonne idée d’avoir placé la naissance de l’enfant au moment où les jours font leur premier saut de puce !
Ne devons-nous pas tout au soleil ? Il est bien frappant que les Égyptiens et les Aztèques qui ont honoré le soleil aient construit des pyramides semblables des deux côtés de l'Atlantique. J’ai souvent fait l’éloge de la racine, qui se nourrit de terre, laquelle se nourrit de l’humus, c’est-à-dire des dépouilles de tous les êtres vivants depuis qu’il y a de la vie sur terre. Mais il ne faut pas oublier que ce cycle admirable doit tout au soleil et à la photosynthèse. En ce sens, le soleil est le père de tout ce qui vit, à commencer par le carbone et les calories. Tout meurt et renaît grâce au soleil (sauf le plastique, cet hérétique, qui ne meurt jamais). Je pense que le petit Jésus serait bien d’accord avec ça.
Photo : le lever du soleil ce matin.
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