Qu’est-ce que le socialisme intérieur ?
J’ai parlé de la fraternité dans ma conférence de samedi à Vaugines et cela a prêté à contestation. J’ai dit que nous disposions de deux traditions en la matière, la fraternité chrétienne et la fraternité républicaine, et qu’évidemment, il s’agit de la même chose. Y en a qui ont dit : C’est bien joli la fraternité, mais il faut d’abord donner à manger à ceux qui ont faim. La fraternité, on verra après. C’est exactement ce que disait Marx en 1848 pour se moquer des socialistes républicains qu’il traitait d'idéalistes et d’utopistes parce que lui, il se croyait scientifique. On a vu le résultat...
Je veux bien penser que tout commence par l’estomac et que, tant qu’il n’est pas rempli, les belles paroles ne sont pas de mise. Il y a tant de misères de par le monde… Seulement qui va la faire, la juste répartition des ressources, si ce ne sont pas les esprits fraternels ? Ah !!
Voilà le matérialisme pris en défaut. Tout commence par la volonté. Michelet parlait de « socialisme de volonté » et la volonté est commandée par la sensibilité, par le cœur, par la fraternité, de quelque nom qu’on l’appelle. Il faut donc commencer par l’éducation, que ce soit dans la famille, dans les écoles ou dans les universités qui, elles-mêmes, forment les maîtres des écoles et des collèges. Je ne dis pas que c'est facile mais il n'y a pas d'autre chemin. Allons plus loin encore : Péguy parlait de socialisme intérieur, pas du tout pour l’opposer à l’amélioration du monde extérieur mais pour dire que tout commençait dans la conscience, j’ajouterai même dans l’inconscient. Là, Béatrice se régalait, elle me l’a dit après, parce que sa spécialité, c’est le yoga, c’est-à-dire une technique de contrôle de la vie intérieure. Elle a apprécié le mot de conversion que j'ai prononcé. Du coup, il n’y a plus d’opposition, au contraire, entre vie intérieure et vie extérieure : elle se conditionnent l’une l’autre. En général, les politiques ne font pas de psychologie et les psy ne font pas de politique. Lourde erreur !
De toute façon, le contraire de la fraternité, c’est la rivalité et c’est la rivalité qui fait les injustices de toutes sortes. Dostoïevski disait même que l’enfer, c’était cela et que le paradis, nous l’aurions tout de suite, ici même, si nous étions un peu plus fraternels les uns avec les autres.
Photo : lavoir et bassin d'irrigation près de la ferme de Rosius.
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