Pour la France
Vu hier le très beau film qui porte ce titre. Ça vient de sortir. Film à deux têtes, l’histoire d’une famille algérienne installée en France / l’histoire d’un drame qui a défrayé la chronique en 2012, la mort accidentelle d’un des trois fils de cette famille, justement, pendant un bizutage à l’école de guerre de Saint-Cyr. Film tout en nuances qui dit tout sans rien céder au wokisme ambiant. Déjà le titre... (J’essaie personnellement d’être éveillé mais suis allergique aux inflammations exprimées par les suffixes -isme et -ite)
L’armée a des torts, c’est l’un des sujets du film mais c’est la cérémonie militaire qui précède l’inhumation qui m’a la plus touché. Le général qui préside la cérémonie tend sa main gantée de blanc à la mère effondrée. Grands uniformes, saluts, garde-à-vous, musique, sabre au clair.
Le monde comme il va ne supporte plus les rituels ressentis et dénoncés comme absurdes et porteurs de domination. On est vêtu d'un pôle à l'autre d’un tee-shirt et d’un jean, tous peuples, tous sexes, tous âges et toutes classes confondus. On dit salut ! et c’est OK. Derrière les hauts murs des casernes, l’armée est une contre-société qui se définit par la hiérarchie, la discipline, l’obéissance, l’uniforme, les rituels et les symboles et, in fine, la disposition au sacrifice de la vie. Le monde moderne inversé, quoi.
Je ne peux m’empêcher de penser aux dernières lignes de Servitude et grandeur militaire où, en 1835, Alfred de Vigny recueille le témoignage des quelques vieux soldats de Napoléon (fondateur de Saint-Cyr en 1802). Vigny dit que la guerre est la marque d’une barbarie que l’avenir devra abolir (l’Ukraine et l’Éthiopie... !) mais que l’armée est le dernier endroit dans la société moderne où sont cultivés le sens du devoir et l’honneur.
Dans le film, une autre très belle scène, c’est quand les imams en grandes robes blanches psalmodient devant les assistants recueillis, famille du défunt et militaires, les sourates du Coran (je suppose) consacrées aux défunts. Quelle belle langue !
Curieusement, dans une autre scène du film qui nous transporte à Taiwan, le frère du futur mort est impressionné par une cérémonie religieuse, confucéenne ou bouddhiste, je ne sais, au point d'ouvrir les mains et de courber la tête comme tous les Chinois de l’assistance.
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