On ne peut s’imaginer comme ils sont doux, affectueux et reconnaissants
Dimanche dernier, comme chaque fois à Paris, on est allé au Marché aux puces de la Porte de Vanves. J’ai feuilleté un livre sur l’Algérie coloniale. Incroyable ! Il y avait des photos d’Oran et de Constantine entre les deux guerres. On aurait dit n’importe quelle sous-préfecture française comme Cavaillon ou Carpentras. Les boulevards bordés de platanes, les cafés, la Poste, l’Église, les automobiles, les élégantes, etc. Pas un arabe, comme dans les romans de Camus. Je sais que ça m’avait étonné en lisant La Peste et L’étranger, ces personnages qui portent tous des noms français bien de chez nous.
Et puis, je suis tombé sur un autre livre que j’ai acheté, cette fois. 15 euros, ça va… avec plein de photos que je ne connaissais pas sur Marseille, Porte du sud. Je donnerai juste qq citations extraites des premières pages :
1905 : Buffalo Bill en personne donne un show sur le Vieux Port et au parc Chanot avec cow-boys, Indiens, reconstitution de la conquête de l’ouest et bataille de Little Big Horn.
1906 : Exposition coloniale : village nègre, temple d’Ankor, un hectare consacré à l’Algérie, minarets, médina, ode au progrès, École coloniale d’agriculture et de commerce, Institut Pasteur de Tunis : « Ne vous bornez pas au pittoresque, rappelle Le Journal des voyages, et dites si le Français ne sait pas coloniser ! »
Rodin béat d’admiration devant les danseuses cambodgiennes : « Je les ai contemplées en extase. Quel vide elles m’ont laissé ! Quand elles partirent, je crus qu’elles emportaient la beauté du monde. Il est impossible de voir la nature humaine portée à cette perfection. Il n’y a qu’elles et les Grecs. »
En 1913, dans une grande émotion, le Président de la République décore le drapeau des Tirailleurs sénégalais engagés dans la pacification du Maroc. Le ministre des colonies : « L’Afrique nous a coûté des monceaux d’or, des milliers de soldats et des flots de sang. Mais les hommes et le sang, elle doit nous les rendre avec usure. »
À partir de 1914, des centaines de milliers de soldats et de travailleurs transitent par Marseille, Noirs, Arabes, Indo-chinois, Chinois sous contrat. Du coup, il s’agit de modifier l’image des tirailleurs sénégalais, réputés si sauvages, qui hivernent par dizaines de mille dans la région avant de repartir au front. « On ne peut s’imaginer comme ils sont doux, affectueux et reconnaissants, prévient Le Petit Var du 29 février 1916.
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