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On ne naît pas homme, on le devient




L’autre jour, Annick m’a dit : Bruno, tu sexualises tes rapports avec les femmes ! J’aurais pu lui répondre : C’est pas moi, c'est la nature ! Mais je commence à me poser des questions. J’avais un ami qui notait toutes les femmes qu’il croisait selon une échelle de 1 à 5. Il avait un regard de consommateur qui classait et hiérarchisait à partir de l’apparence extérieure. Et les filles quelconques, et les filles moches qu’est-ce que vous en faites ? Vous les excluez ? Il n’est pas besoin d’évoquer les viols et les féminicides pour comprendre qu’un concours de beauté permanent est cruel pour les perdantes.

Mai 68 avait libéré la sexualité. Me Too donne un sacré coup de frein et rejoint quelque peu l’islam pour dire que les femmes ne sont pas des compléments d’objet direct : la libération sexuelle des années 60-70 a plus profité aux mecs qu’aux filles invitées à se soumettre au-delà de leur désir pour être dans le mouvement. C’est ce que dit l’actuelle revendication en faveur du consentement.

Il y a donc un important effet de génération dans cette affaire. Les années 70-80 ont peut-être l’apogée de l’érotique féminine. La beauté est passée de mode dans l’art comme dans la rue. La publicité pour la mode et la cosmétique continue à promouvoir une image sexy de la femme qui est de plus en plus contestée. Il faut aller dans les musées pour voir des femmes à poil, en tout cas pas aux actuelles rencontres photographiques d’Arles.

Très curieusement Houellebecq qui instruit le procès de Mai 68 et prend sans arrêt la défense des exclus du sexe libéré rejoint, sans qu’on s’en soit avisé, la tendance puritaine actuelle. Pour lui, l’amour libre est un oxymore.  Sa critique des soixante-huitardes l’avait mis hors-jeu. C’est maintenant mai 68 qui est mis hors-jeu.

Faut-il renoncer à la beauté ?


Photo : vu dans une ferme mise en vente près de Cucuron.

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