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Noiraude et ses petits



L’autre jour, l’un des invités d’Alain Finkielkraut disait à propos d’Anna Karénine que, si on cherchait un sens à la vie, ce n’est pas dans la philosophie qu’il fallait le chercher ni dans la politique mais dans la famille. C’est vrai que la philosophie, c’est que des mots et des idées, et que la politique, c’est beaucoup de mots aussi et de plans sur la comète tandis que la famille, au moins, c’est du charnel et du sensible.

C’est complètement révolutionnaire comme point de vue puisque la famille a beaucoup été attaquée depuis mai 68. On a d’abord dit que c’était le lieu de la répression sexuelle des enfants et on dit maintenant que c’est le lieu de la domination sexuelle, de l’inceste et du patriarcat. Y en a aussi qui disent que la famille, c’est un nœud de vipères, avec tant des mauvais parents qui mutilent leurs enfants pour la vie et des rivalités entre frères et sœurs dont les notaires sont les témoins attristés.

Je trouve que ça complètement idiot, comme argument. C’est comme si on disait que l’alimentation c’est très dangereux à cause de toutes les maladies qu’on peut attraper à commencer par l’obésité. Vous trouvez que c’est mieux l’anorexie ? À ce moment-là, il n’y a plus, comme le voulaient Platon et Hitler, qu’à construire des machines à élever les BB jusqu’à 14 ans, et, après, hop, on leur met un numéro et on les lâche dans la société. Entre parenthèses, la famille, c’est aussi l’endroit où on partage la nourriture.

Sérieusement, le choix, c’est pas famille ou pas famille, c’est famille bien ou mal construite.

Cela dit, en préparant les 100 ans de Jacques, je tombe sur cette citation des Lettres d’un jeune homme

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Si la communauté familiale devait toujours se limiter à la femme et au mari, personne ne supporterait le mariage. Une île serait fatale même à Tristan et Yseut. Adam et Ève n’auraient pas pu vivre sans enfants. La solution, pour la plupart des gens, c’est donc forcément la famille et les enfants. Quand ils grandissent, on arrive à peu près à se passer d’autres relations, et comme il s’en trouve toujours tant bien que mal quelque unes, on s’accommode de cette pénurie. Au fond, tout le monde renonce à l’amitié et les familles deviennent ces « possessions jalouses du bonheur » dont parle Gide. Ça n’était pas comme cela aux bonnes époques de civilisation. Cela ne doit pas être comme ça. La famille n’épuise nullement le besoin vital de relations humaines. La famille est une asphyxie autant que l’isolement absolu. (Metz, 31 décembre 1947)

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