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Modernité et péremption




J’ai placé cette photo il y a un mois en tête de l’un de mes billets. Son auteur, Nicolas Mas, me l’a reproché et je m’en suis excusé. Il m’a fait connaître son site où vous en trouverez une centaine de même inspiration : https://www.facebook.com/inertia42. Ce billet est une invitation à aller y voir et à lui rendre justice.

Son auteur a dû sillonner je ne sais quelles contrées reculées à la recherche de bâtisses désertées depuis un siècle. Il s’y est faufilé à l’aide d’une pince monseigneur. Il y a des usines, des garages, des hôtels mais surtout des habitations bourgeoises cossues et, surtout, surtout, des chambres à coucher comme celle-ci avec parfois l’image des personnes qui sont nées dans ce lit, qui y ont dormi, qui y ont fait l’amour et qui y sont mortes. Nicolas (Fargues) dira peut-être que je suis doublement passéiste s’il lit ce billet où j’aimerais renvoyer au chapitre VI de Sylvie, la merveilleuse nouvelle de Gérard de Nerval. Je vous en prie, mon lecteur, relisez ces 3 pages en ligne !

Les photos de Nicolas Mas invitent à méditer sur le temps. Son site s’appelle INERTIA. Les êtres sont absents des images, morts à coup sûr. Seuls les objets sont là, désuets, qui se gondolent, se fissurent et se détraquent, un peu comme dans notre villa toscane. Et la poussière, tombée des étoiles. Où sont passés les héritiers de ces gens et de ces choses ?

J’ai moi-même beaucoup visité de semblables lieux, surtout des fermes abandonnées, et photographié des objets témoignant d'une civilisation rurale qui n’avait guère changé depuis les gallo-romains et qui s’est éteinte il y a quelques années à peine.

Est-ce pulsion morbide ? Il faudrait s’entendre sur le mot. La méditation sur le temps, donc sur la mort et la vie, est au contraire de b a BA de toute sagesse, la sagesse justement qui fait défaut au monde moderne (voyez le dictionnaire Gaffiot : modernus = récent, actuel). Modernité signifie exactement rupture avec la tradition, tradition signifiant exactement transmission.

Cette opposition entre tradition et modernité ne me convient pas du tout. Je préfère le dogme de la communion des saints qui affirme une solidarité des vivants et des morts, ce qui n’empêche pas d’être bergsonien et de savoir qu’en dépit des ruptures, la loi de la vie est bien la durée avec toutes les mutations qu’on voudra...

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