Miettes (3)
Colère noire : l'autre jour, j'entends à la radio que les déchets plastique triés scrupuleusement par les bonnes ménagères anglaises sont balancés dans des cargos géants et expédiés par millions de tonnes en Turquie où ils sont brûlés sans autre forme de procès. Et nous, à Marseille, on en fait quoi avec notre tri sélectif ? Zéro information. On nous prend pour qui ?
Long article dans Le Monde la semaine dernière sur ces artistes et artisans aux petits moyens qui quittent Paris par milliers pour investir le centre de Marseille. Ce qui exaspère les uns, la pagaille, le désordre des rues, le métissage de la population, le négligé, fait la joie des autres, ceux qui ont une sensibilité un peu décalée et marginale. À propos, je ris bien : deux maisons se sont écroulées à Bordeaux, ville bourgeoise et bon genre où les chiens non classés ne sont pas admis dans les jardins publics.
Tout à fait d'accord que ce qui manque beaucoup à tant de discussions actuelles, c'est le sens de la nuance, mais cela tient à ce que sur tant de sujets de morale, de psychologie et de société, il y a deux points de vue à prendre en compte, le mien et le tien, aussi légitimes l'un que l'autre. Seule, la vision binoculaire donne la sensation du relief, c'est bien connu. Donc, ne pas commencer par tracer un cercle avec moi au milieu mais une ellipse, avec deux foyers. Quand on connaît l'un, chercher l'autre. Exemple : Simone Weil demandait qu'on ajoute le droit à l'enracinement parmi les droits de l'homme puis ajoutait : "le déracinement, c'est la vie de l'esprit".
Souvent, le matin, on aime bien aller prendre un grand crème et un croissant à la terrasse de la boulangerie de Cucuron. Un homme assis à côté de nous sirote un café. Son pote vient se garer juste devant.
- Tè, pour une fois, il se gare comme il faut !
- Je me gare comme je veux !!
- Oh, Marcel, détends-toi !
Comme je regrette de n'avoir pas entendu la suite d'une conversation si bien engagée.
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