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Marx, Freud et les morts-vivants




L'idée de politique scientifique ferait rire tout le monde aujourd'hui. La dictature du prolétariat, on n'y pense même pas, sauf dans les cauchemars. Le collectivisme, on le laisse aux fourmis. La dialectique hégélienne remise sur ses jambes, c'est bon pour les philosophes que ça intéresse. Alors pourquoi évoquer ces fantômes ? Parce que la France est à peu près le seul pays au monde dans lequel les intellectuels invoquent rituellement Marx dès qu'il s'agit de critiquer le capitalisme et la libre concurrence comme si c'était une caution solide, la référence.

Cette invocation de Marx trahit une ignorance crasse de l'histoire. Marx est venu apprendre le socialisme en France en 1844. La description de la lutte entre bourgeois et prolétaires et la critique de l'exploitation de l'homme par l'homme étaient faites depuis plus de vingt ans quand est paru le Manifeste du Parti Communiste de Marx en 1848. Ce qu'ont fait Marx et Engels, c'est de donner une réponse fausse et dangereuse à une bonne question que d'autres avaient posée avant eux, les saint-simoniens et les républicains socialiste français des années 1830.

Mais ça ne fait rien, on invoque toujours Marx d'un air compétent et entendu dès qu'il s'agit de s'indigner des inégalités alors que l'apport de Marx est à peu près égal à zéro. Je parle des personnes dont le métier est de réfléchir et de s'informer car, pour le bon peuple, c'est enterré depuis 50 ans.

C'est pareil avec Freud, référence incontournable dès qu'il s'agit de passions incontrôlées. Freud a tout barbouillé de sexe de façon absurde, mais ça ne fait rien. On répète Freud a dit que... comme on répète Marx a dit que..., comme on disait Monsieur le curé a dit que... ou Mon mari dit que... Qu'est-ce qu'il a dit, Freud ? Il a dit que l'homosexualité était une perversion, il a dit que les femmes étaient terriblement malheureuses de n'avoir pas de pénis, il a dit que les garçons avaient envie de faire l'amour avec leur mère et que tous nos problèmes venaient de là. Dans la vraie vie, on ne pense jamais à ces choses quand on des difficultés ou quand on examine celles des autres. On nous dira que c'est inconscient et on s'inclinera devant tant de science parce que Freud aurait découvert l'inconscient comme Marx aurait découvert la lutte des classes. Même ignorance, même paresse. Freud a tout simplement ignoré deux mille ans de psychanalyse chrétienne. On s'agenouillait dans le confessionnal comme on s'étend sur un divan et on ouvrait son âme. D'accord, les curés étaient aussi obsédés que Freud par la masturbation. Mais tous les grands théologiens depuis le Moyen Âge jusqu'aux grands moralistes du XVII° siècle continués par Rousseau disaient que le péché fondamental, c'était l'orgueil, la vanité, l'amour-propre. Il suffit de réfléchir cinq minutes à tous nos conflits de famille, de voisinage, de relations de toutes sortes pour voir qu'en effet, à côté de l'argent, ce sont les rivalités de reconnaissance qui sont capitales. Chacun veut être le plus apprécié mais si on blesse l'amour-propre de quelqu'un, il ne nous le pardonnera pas. Le voilà, le tissu de notre vie quotidienne à commencer par nos problèmes avec papa-maman. Notre vraie vie est là, mais non, on continue en France et en Argentine à invoquer le nom du psy qui affirmait que le désir d'inceste remontait des enfants aux parents alors que le journal nous prouve le contraire chaque matin.

Tout le monde est bien d'accord ?



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