Marseille comme on l'aime
L’autre jour, j’ai pris le tram et je suis allé aux Terrasses du Port faire réparer le portable de Michèle (elle ne m’entendait plus au téléphone !). Le tram a traversé la Canebière et a glissé par Belsunce vers la poste Colbert, la rue de la République et la Joliette. Quelle chance, me dis-je, de ne pas vivre à Bordeaux, à Toulouse ou même à Avignon ! On dit que ce sont de belles villes pleines de monuments historiques (ce mot !), de rues piétonnes bordées de boutiques franchisées parcourues par des bobos avides. Et c’est vrai ! Mais c’est ça qui m’ennuie, ce bon ton, ce bon chic, ce mixe de commerce et de patrimoine impitoyablement restauré.
Attention ! Je ne dis pas qu’à Marseille, il n’y a pas de magnifiques bâtisses. Il y en a, il y en a. Mais le charme vient surtout de ce que c’est une ville sans style, ou sans beaucoup de style. Il y a ces fameux immeubles « marseillais » avec une porte et deux fenêtres en rez-de-chaussée qui tapissent des rues entières. Je ne sais pas ce qu’ils ont de spécial mais on les reconnaît du premier coup d’œil. Il y a le Roucas, Mallemousque, Endoume, les Goudes, le vallon des Auffes, les Catalans et Saint Victor. Il y le boulevard Théodore Thurner (un musicien) qui monte en biais, le lycée Thiers, Noailles, les Réformés (de bons cathos), il a le cours Belsunce, il y a la rue Caisserie, les Accoules, la rue du Petit chantier, la rue Tapis vert et la rue des Filles repenties, etc., etc. Quels beaux noms, usés comme des galets… !
Et cette incroyable population ! Sur la Canebière, on croise des gros et des maigres, des jeunes et des vieux, des blancs, des blacks et des beurs, des cagoles, des poufiasses et de sveltes métisses, des politiciens et des étudiants, des avocats et des avortons, des saute-ruisseaux et de Marie-couche-toi-là. Des Marie-salopes aussi. Des proxénètes et des poètes, des joueurs de pétanque et des dealers, des petits footballers et des alternatifs. Et tout cela fait un monde.
On est cool. On arrête sa voiture en plein milieu, y compris devant un feu vert, on met le warning et on va acheter ses cigarettes. Tranquille. Personne ne dit rien. Sauf les Parisiens hystériques. À la poste, si on a oublié sa carte d’identité, la préposée fera une petite exception et vous donnera le colis. La Bibliothèque municipale est fermée la moitié du temps mais, quand elle est ouverte, si votre carte est expirée, on vous donne le livre quand même…
Nous, notre ville, on l’aime comme elle est, et, comme disait une poissonnière, même qu’on nous mettrait Paris à une heure de TGV, on n’irait pas…
Il y a juste que j’ai chopé [ça s’écrit comme ça ?] ce Covid de malheur à trop fréquenter les transports en commun.
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