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Ma dernière conquête


 




Enfin, c’est plutôt elle qui m’a conquis... Comment vous la trouvez ?  C’est mon ami Jacques qui me l’a présentée. Elle s’appelle Muriel. (J’espère qu’il ne lira pas ce billet) Solange m’a dit qu’elle la trouvait commune et ordinaire quand elle l’a vue sur internet où il y a plusieurs photos et des vidéos, mais c’est parce qu’elle est jalouse.

Elle est incroyable ! Un mélange de fragilité et d’assurance, de vivacité et de naturel. Et puis un sourire et un phrasé particuliers qui me provoquent des réminiscences. Prenez google. Elle écrit des romans. Je n’ai jamais vu un style pareil. Dialogue :

 

-       Tu t’es encore couché tard, mon fils, tu vas t’abîmer la santé. J’ai entendu des bruits. Avec qui es-tu donc rentré ?

- Avec moi-même, maman. On s’est disputé. Oh, maman, je suis exactement comme un élève de Fra Filippo du Carmine en quête frénétique d’un modèle pour une madone, une Vierge au buisson, à l'enfant, une Annonciation, une Et martyre. Tenaillé par mon obsession des visages, les culs je m’en fiche, pardon maman, voilà un bon bout de temps que je cherche un visage à la pointe d’argent, à peine aquarellé. Quel chasseur de tête pourra me rapporter l’unique ? Dans les salons, au polo, aux Beaux-Arts, dans le métro, dans la rue, il n’y a que des ébauches grossières.

Imbécile, se dit-il, j’ai oublié les bordels. Il se peut bien que l’ange soit une pute. Il prit rendez-vous chez deux des plus estimables maquerelles de Paris, précisant qu’il voulait une jeune fille qui ressemblât à une vierge du Magnificat et qu’il y mettrait le prix.

Il entra au Louvre. Elles ne surent jamais, ces dames patronnesses, qu’un client jeune et riche leur fut escamoté par la seconde des Grâces accompagnant Vénus porteuse de présents à une jeune fille, fresque de Sandro Botticelli peinte en 1483 pour les murs de la villa Lemmi, détachée de son support et reconduite poliment au Louvre.

- Seconde Grâce de la villa Lemmi, jeune fille en vert, je vous aime !

 

C’est juste un échantillon, en mode accéléré. D’ailleurs je n’en suis qu’à la page 139 sur 912. Le roman s’appelle Une Passion, l’auteur, Muriel Cerf.

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