Les passions qui disent Oui

Je reviens à la romancière nietzschéenne découverte à la mosquée Ibn Touloun. Entre parenthèses, Nietzsche qui méprisait le christianisme admirait l’islam. Jeanne Loiseau, autant l’appeler par son vrai nom, énumère dans l’intro de son roman "les passions qui disent Oui. La fierté, la joie, la santé, l'amour, l'inimitié et la guerre, la vénération, les belles attitudes, les bonnes manières, la volonté forte, la discipline de l'intellectualité supérieure, la volonté de puissance, la reconnaissance à l'égard de la terre et de la vie, tout ce qui est riche et veut donner et gratifier la vie, la dorer, l'éterniser et la diviniser." Ces vertus, pour Nietzsche, les Grecs antiques en ont donné l’exemple, suivis par les Italiens de la Renaissance et par les Français de l’époque classique. Les « Allemands pleins de bière » (pardon !) en sont déplorablement dépourvus ainsi que l’immonde monde moderne, comme diraient Péguy ou Bernanos. Ce qui est vraiment intéressant chez Nietzsche, c’est le procès des passions tristes, esprit de rivalité, envie, ressentiment. Nietzsche est avant tout un grand psychologue.
Là-dessus, Solange nous recommande d’écouter les 3 émissions de FC de la semaine dernière sur FN. L’émission montre abondamment que Nietzsche méprisait le romantisme, le wagnérisme, le nationalisme, l’antisémitisme et le nazisme. Très bien.
Mais il y a un reste. Ce reste, c’est l’apologie de la force, de la violence, de la cruauté, de la domination. Il me semble qu’on n’en finira jamais avec Nietzsche car il y a chez lui une ambiguïté systémique et qu’on loupe la cible si on ne voit qu’un côté. C’est une lecture psychologique de Nietzsche qu’il nous faudrait pour comprendre comment ce grand malade si perspicace a basculé dans une telle démesure… Peut-être après tout est-il tombé dans le piège du ressentiment qu’il avait si bien dénoncé. Car c’est bien, en Europe, la grandeur du christianisme et du socialisme d’avoir pris le parti des faibles et des perdants ! Nietzsche s’égare lourdement en disant le contraire mais sa critique du ressentiment est magnifique. D’autres l’ont faite avant lui comme Montesquieu ou Tocqueville mais il a donné une grande force à la critique de l’égalitarisme et à l’abaissement moral qui menace la démocratie quand le consumérisme tient lieu de toute excellence.
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