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Les hommes sont bien malheureux



Ce mistral de malheur nous a encore fait tomber plusieurs tuiles. Pas de blessés. Heureusement, Laurent avec sa grande échelle va réparer les dégâts. Au moment de jeter les tessons brisés dans le talus, mon bras s’est arrêté et j’ai pris cette photo en pensant à Montaigne dans son essai Sur les cannibales : Ce n’est pas raison que l’art gagne le point d’honneur sur notre grande et puissante mère nature. Tous nos efforts ne peuvent arriver seulement à représenter le nid du moindre oiselet ni la tessiture de la chétive araignée.

Le lendemain, départ pour Turin que nous avions décidé de faire visiter aux petites. Avant d’entrer dans le Musée d’art moderne, je leur ai bien expliqué la différence entre l’art moderne en 2D, figuratif ou pas, et l’art contemporain, en 3 D, trash et destroy le plus souvent, qui nous a bien exaspérés et fait ricaner une fois de plus. Sur l’esplanade il y avait un arbre arraché, à poil, racines à l’air, juché sur un genre de menhir, signé Giuseppe Penone. Dans Le Hussard sur le toit, vous vous souvenez, mon lecteur, quand Angelo s’est réfugié sur les toits de Manosque, poursuivi par la foule cholérique et colérique ? Il admire le brasillement des étoiles pendant qu’en bas, on s’adonne aux passions tristes, et il se dit, d’une formule qui a tant frappé Anne-Marie, ma plus fidèle étudiante : Les hommes sont bien malheureux. Tout le beau se fait sans eux.

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