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Le wokisme continue ou contredit les Lumières ?




L’autre jour, je lis un article dans Le Monde où deux femmes disent que ça suffit avec la fraternité dans la devise de la république et qu’il faut mettre solidarité à la place. La fraternité, ce serait encore un truc patriarcal qui laisse les filles sur la touche...

Mon sang n’a fait qu’un tour. Là, je me fâche ! La logique wokiste semble parfaite, mais elle est fausse parce que l’histoire de l’Europe est une marche progressive vers le libéralisme. La république n'est quand même pas le mess des officiers ni dans un club anglais !

Quand l’Assemblée constituante a proclamé la Déclaration des Droits de l’homme en 1789, il est très vrai qu’elle ne se souciait ni des femmes ni des esclaves. Mais qu’ont fait Olympe de Gouges et Toussaint Louverture ? Ils ne l’ont ni piétinée ni brûlée, ils l’ont brandie deux ans plus tard, la première pour écrire la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, le second à la tête des esclaves révoltés de Saint-Domingue.

C’est en violation de cette Déclaration que les peuples ont été colonisés, c’est en la brandissant qu’ils se sont libérés. La cause des homosexuels et des transsexuels ne peut s’inscrire que dans ce sillage car il n’y en a pas d’autre.

Bien sûûûûûûr qu’il ne faut pas oublier la sororité… ! Mais au lieu de couper l’arbre, il faut le cultiver pour qu’il donne de nouveaux rameaux !

Les lettres de noblesses de la fraternité sont immenses. Le christianisme l’a transmise à la République par l’intermédiaire de Robespierre qui a formé le fameux triptyque en 1794. Napoléon écarté cette devise le 18 Brumaire. Pierre Leroux l’a exhumée et réhabilitée en 1834 jusqu’à ce qu’il devienne la devise officielle de la République le 24 février 1848. Il connaissait mieux que quiconque les injustices faites aux femmes mais prévenait : il faut que la femme s’élève par l’homme et avec lui, que l’homme s’élève par la femme et avec elle, mais non pas que l’un des sexes sépare et distingue sa cause de celle de l’autre.

Il y a autre chose, c’est qu’en remplaçant la fraternité par des mots comme charité ou solidarité ou convivialité, on ne se rend pas compte qu’on laisse la filiation sur le chemin, c’est-à-dire le lien qui unit les générations. On est frères ou sœurs parce qu'on a les mêmes parents, les mêmes ancêtres.

Ce n'est pas un choix. On est tous embarqués sur le même bateau. On ne peut pas jeter ses ancêtres à la mer après un jugement expéditif et chargé de ressentiment. Mais on peut tâcher de faire mieux.


Photo : vu au château La Sable.

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