Le secret de Proust enfin dévoilé

Le tombeau d’Alexandre n'a jamais été retrouvé ni les poésies de Rimbaud en Éthiopie mais Champollion a déchiffré les hiéroglyphes et je suis fier d’avoir enfin découvert le secret de Proust. Il suffisait de mettre les pièces du puzzle dans le bon sens.

La Recherche est une histoire de folie ! Marcel fait une crise parce que maman ne lui a pas fait l’habituel bisou, un soir où il y avait un invité. Du coup, il décrète et démontre en 3000 pages que tous les amours possibles sont pervertis par la jalousie. Cette généralisation ahurissante l’amène à conclure qu'il n'y a de vraie vie que dans la littérature. Les profs, trop contents, répètent ça.

Marcel était pourtant un excellent garçon, gentil et respectueux, qui vouait un culte à sa grand-mère, si douce, qui croyait en la famille, en la fidélité, en la métempsycose, en à la transmission.

Alors, Proust avait à choisir entre l’art pour l’art et les valeurs familiales… Mais il ne l’a pas fait. Il a creusé deux sillons. Pas deux sillons parallèles mais deux sillons divergents, comme un mauvais laboureur qui ne maîtrise pas son cheval. Le sillon le plus visible, c’est le culte de la littérature et la (trop) fameuse histoire de la biscotte, pardon de la madeleine, trempée dans un bol de tisane, pardon, de thé. Et on crie bêtement au miracle ! L’autre sillon parle de morale, de bonté, d’amour des parents pour leurs enfants et de reconnaissance des enfants pour ce que leur ont transmis leurs parents. Mais ce sillon est un pointillé qui finit par disparaître, laissant le lecteur le bec dans l’eau.

Qu’est-ce que tout ça veut dire ?

Proust était gay mais la Recherche offre ce paradoxe incroyable de n’être peuplée que de gays et de lesbiennes sauf un seul personnage, le narrateur, qui n’aime que les femmes, soi-disant… C'est ce qui s'appelle se cacher derrière le petit doigt. Horriblement torturé, Proust n’a jamais fait son outing, l’aveu public que Gide sera le premier à faire en 1924 dans Corydon.

Proust a jamais pu dire : OK, je suis gay, y a pas d’souci, alors, mes livres, ce sont mes enfants à moi. Je suis né dans une merveilleuse famille mais faut pas m’demander d’en faire une à mon tour, de famille, j’aurais un peu d’mal, c’est pour ça qu'j’ai dit : la vraie vie, c’est la littérature, mais à chacun de trouver sa voie…

Jamais Proust a pu dire ça. C’était impossible à l’époque. Alors, au lieu d’le dire, il s'est fâché, il a tout exagéré : sa maman l’a trahi ! L’amour n’a aucun intérêt, ni la vie, d’ailleurs, en général, le monde est le royaume du néant, etc. Y a que l’art !