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Le poète passa à table




La stylistique est souvent affaire de presque rien. Je prends trois exemples chez ma grammairienne préférée (portrait ci-dessus)

 

Le poète passa à table

Quel régal ! Voilà le poète ravalé au rang de simple mortel. Peut-être que ce type écrit des vers, peut-être même de très beaux vers. Ou peut-être des vers écœurants comme du lait concentré sucré Nestlé. Ou peut-être d’une langue pédante, prétentieuse et insupportable. On ne sait pas et c’est son droit. Mais il n’est pas poète 24 heures sur 24 et de la tête aux pieds, quand même ! Et nous, on n’est pas poètes, peut-être, quand on sait admirer le nid du simple oiselet ou la toile de la chétive araignée au petit matin, humide de rosée, entre deux tiges de fenouil ? Cette façon de revendiquer la qualité de poète est à la fois ridicule et bouffie. Sartre dirait que ce poète un salaud, un gros plein d’être qui s’essentialise.

 

Leur bonheur commençait à faire chier les dieux

Il s’agit de deux amoureux qui planent au 7° ciel. Évidemment, ça rend les dieux jaloux, ce qui n’est pas à leur honneur, mais ils sont comme ça, Homère le dit tout le temps. C’est le verbe utilisé par Muriel qui m’a réjoui et, là, j’ai un peu conscience de trahir mon identité de scholar qui s’émancipe, mais chacun pourra apprécier l’oxymore : les dieux qui ch…

 

Il tentait  lamentablement de cristalliser autour d’un rameau les fameux diams de Salzbourg. Ça ne prenait pas sauf sur la jeune fille en vert.

Là, il me semble que les dieux se vengent. La magie n’agit plus ou pas encore. L’amoureux est en rade. Mais c’est surtout Stendhal qui en prend un coup. On se souvient que, pour lui, la passion, c’est comme quand on trempe un rameau sec dans une solution saline quand on visite les mines de sel de Salzbourg et qu’on en ressort une branche étincelante. Ici, c’est le mot diams qui casse tout. En lieu et place de l’émerveillement du premier émoi amoureux, les diams nous font retomber chez les bijoutiers de la place Vendôme alors que, pour Stendhal, dans ce monde moderne de malheur, corrompu par l’argent,  il n’est de vraie richesse que dans la passion amoureuse.

 

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