top of page

Le plus beau coucher de soleil de ma vie




Je crois de plus en plus à l’ambivalence des choses humaines. C’est ma ligne de pensée. Qu’on ne me parle pas de manichéisme !

Ainsi, l’autre jour, Antonia est venue déjeuner chez moi avant son entraînement de foot. Elle garde les buts. Sur sa demande, je lui ai fait des carottes râpées et des poissons panés et puis je lui ai récité la première strophe d’El Desdichado :

 

                         Je suis le Ténébreux, le Veuf, l’Inconsolé,

                         Le Prince d’Aquitaine à la tour abolie.

                        Ma seule étoile est morte et mon luth constellé

                        Porte le soleil noir de la mélancolie. 

 

Au troisième vers, l’émotion a été la plus forte. Je l’ai prise dans mes bras, nous nous sommes mis à pleurer et je lui ai dit, Mais non ! Toi aussi, tu es mon étoile ! Et j’ai la chance d’en avoir plusieurs autres, d’étoiles !

Je trouve que les journées sont un peu trop longues, de deux bonnes heures. Mireille m’a dit que les bébés ont un petit coup de blues quand le soir tombe.

N’empêche que j’ai des conversations de plus en plus personnelles avec plusieurs personnes avec qui je parle comme jamais. C’est que nous avons un important sujet à partager et que nous nous retrouvons deux à deux. Côté filles, j’ai une nouvelle amie qui s’appelle Claude et côté garçon, un nouvel ami qui s’appelle Frank.

Je viens d’assister au plus beau coucher de soleil de ma vie depuis mon nouveau café, le Sunset, au débouché du vallon de l’Auriol. On m'y trouve tous les jours vers 15 heures. Frank m’y a rejoint. On avait bien des choses à échanger jusqu’au moment où je lui ai fait remarquer le rayon vert sur l’horizon. Nous nous sommes parlé à cœur ouvert, comme on dit, et nous avons admiré les merveilleux nuages traversés par un gros bateau dans leur sang qui se fige. 

Invité au Cercle des nageurs par Mireille, j’ai fait dix longueurs crawlées en bien étirant les membres, mais là, j’ai repris mon vélo pour rentrer. Il y a maintenant une belle piste cyclable le long de la corniche et je ne donnerais qu'une seule chose au monde pour le plaisir de filer à vélo le long de la mer, le vent dans les oreilles. On se sent pousser des ailes comme sur un tapis volant. Ça me fait exactement comme quand j’ouvre la fenêtre de son ordinateur après le café du matin, entre 6 et 7.

Je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas partager ces plaisirs d’étudiant avec elle. Si elle pouvait savoir au moins comme je suis heureux dans ces instants… J'ai fait son numéro mais je suis tombé sur le répondeur. Je lui ai laissé un message d'amour.


Photo : par Solange à L'Eautel de Toulon en novembre.

 


bottom of page