Le nombril, signature de l’humanité
Certains se sont demandé si je ne raclais les fonds de tiroir avec mes collections de citations. Ils ont peut-être raison, ma foi. Alors, je vais essayer autre chose en espérant que ce n’est pas trop fumeux, cette fois. Qu’en penserez-vous ?
Le nombril symbolise à juste titre l’individualisme puisque le cordon a été coupé mais il est aussi la signature de l’espèce. Tout homme qui possède un nombril est empêché de dire qu’il s’est fait lui-même. Les organes sexuels disent la même chose dans leur merveilleuse complémentarité que l’ébénisterie reproduit quand elle assemble deux pièces par tenon et mortaise. On prête deux étymologies opposées au mot sexe, couper de secare et accompagner de sequor. Ces étymologies sont pertinentes toutes les deux. L’androgyne a bel et bien été divisé mais il est clair que l’autonomie libidinale est impossible : chaque sexe est destiné à l’autre. On n’offensera pas les homosexuels en rappelant cette structure élémentaire de la reproduction.
Deux choses résultent de ces observations.
1) Les individus sont bel et bien coupés les uns des autres, autocentrés dans le fonctionnement de leurs sensations, de leur affectivité et de leur rationalité. L’humanité n’est donc pas un corps fluide comme l’eau : elle est douée d’une importante granulométrie car chacun est à soi le centre du monde Le défaut du totalitarisme est de l’oublier.
2) Mais la personne est loin d’être indépendante et autonome pour autant. C’est comme si une certaine partie de chaque être était réservée pour le partage et l’échange avec autrui. L’individu est donc mal nommé, il est en fait divisé en deux parties, l’une qui lui appartient en propre, l’autre qui appartient à l’humanité. L’économie est mal inspirée de l’oublier.
Photo : la fenêtre d'où j'écris.
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