Le despotisme ou la rivalité : faut-il choisir ?
J’aime bien cette pensée où Pascal dit qu’au début, les hommes étaient tous en guerre les uns contre les autres, jusqu’à ce que les plus forts arrivent à mettre le genou sur la gorge des plus faibles, à leur attacher les mains avec des cordes rugueuses et à les réduire en esclavage. Depuis cette époque, il existe deux sortes d’hommes, les maîtres et les esclaves. Les révolutions démocratiques modernes ont tenté de remédier à cette situation. Du coup, il existe deux modèles, le modèle démocratique et le modèle hiérarchique : domination des maîtres sur les esclaves, domination des hommes sur les femmes, domination des blancs sur les noirs et les yeux bridés, domination des pères sur les fils et des aînés sur les cadets. Il pouvait y avoir des rivalités dans chaque stratification, mais jamais un esclave n’aurait pensé rivaliser avec son maître, un paria avec un brahmane, une femme avec un homme, un fils avec son père, un black avec un béké, etc.
Le problème, avec la démocratie, c’est que tout le monde rivalise avec tout le monde même si c’est sous une forme pacifique compte tenu de l’adoucissement des mœurs qui est un autre effet de la démocratie. L’individualisme est un autre nom de la démocratie et la rivalité est un autre nom de l’individualisme.
Du coup, comme on dit aujourd'hui à tout bout de champ, qu’est-ce qui vaut le mieux : un bon despotisme où chaque reste à sa place ou une mauvaise démocratie ou chacun rivalise avec tout le monde ? C’est à savoir… Mais attention, mon lecteur, vous aurez fait un grand progrès quand vous aurez compris qu'on n’est jamais obligé de répondre à une question par blanc ou par noir. Seulement, vous en connaissez, vous, un troisième système qui ne soit ni le despotisme d’une minorité sur la majorité ni la guerre de tous contre tous ?
Sans parler de système, il y a quand même des familles, des villages, des groupes d’amis, des petites entreprises où ça ne marche pas si mal que ça et où les dons et les contre-dons, pour parler comme Marcel Mauss, s’équilibrent tant bien que mal. C’est là que la tradition, la culture et surtout la religion interviennent pour créer une ambiance de fraternité. Tous les peuples du monde ont eu recours à cette méthode. S’ils parlent de dieux et de démons, ce n’est pas grave. L’important, c’est que les voisins se sentent frères.
NB : au XIX° siècle, les républicains qui ont renversé le pouvoir de la monarchie et de l’Église savaient très bien que la religion devait être sérieusement dépoussiérée mais surtout pas éradiquée. La démocratie libérale et le marxisme se sont coalisés pour ruiner cette entreprise. La crise écologique en rappelle l’urgence.
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