Le choix existentiel d’Israël
Peut-on être plus catastrophé qu’aujourd’hui par l’actualité ? Le Hamas ne craint pas de donner une succession aux crimes nazis. La contagion de la vengeance joue à plein d’un côté comme de l’autre. L’émotion israëlienne soude un peuple indigné. Le monde arabe se mobilise en faveur de la cause palestinienne. Bloc contre bloc. Les ondes de choc sont imprévisibles, au pire, le Sud global contre l’Occident.
Les appels à la paix ne pèsent pas lourd quand la spirale de la violence est allumée. Et pourtant…
Israël est coincé. Se contenter de donner un tour de vis sécuritaire serait transformer le pays en un camp retranché et instituer un régime d’apartheid insupportable pour tous. Engager la guerre à Gaza ne ferait qu’attiser l’incendie aussi bien en cas de victoire, qu’en cas de défaite. C’est donc bien en termes ontologiques ou existentiels que la question de l’action se pose aujourd’hui pour Israël : quelle identité ? Quelle légitimité ?
Comme aux échecs, il faut prévoir le coup d’après. Quel que soit le type d’action entrepris, le coup d’après, c’est la nature de la cohabitation avec les Palestiniens. Il n’y a pas de solution en dehors d’une reconnaissance mutuelle des deux peuples l’un par l’autre. Il est hors de question de demander cette reconnaissance au Hamas qui la rejette par nature. Les ultra-religieux de Jérusalem en font autant. Alors quel point d’appui ?
Je n'en vois qu'un : c’est de l’intérieur de l’État juif que doit venir le sursaut vital. Au-delà des passions et des souffrances subies et infligées, il me semble que le seul levier disponible pour briser le cercle infernal et éviter une deuxième shoah, c'est la tradition démocratique qui existe quand même à l'intérieur d'Israël. C’est juste une question de vie ou de mort. Israël se grandirait à la face du monde et assurerait sa survie en rétrogradant de plusieurs cases dans ses prétentions territoriales et politiques et en proposant à paumes largement déployées un statut de liberté et d’égalité à ses frères arabes. Il gagnerait un voisin au lieu de perdre la vie.
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