La sexualité, c’est dépassé ?
Vous avez vu ! La natalité est en chute en France et les jeunes font des moins en moins l’amour, nous apprend l’IFOP. Les filles ne se croient plus obligées d’y passer quand elles n’en ont pas envie et les mecs eux-mêmes préfèrent regarder des séries sous la couette. La liberté sexuelle, c’est dépassé.
Le couple hétérosexuel est accusé d’être patriarcal, je m’en suis fait l’écho dans mon avant-dernier billet. Alice Reybaud dynamitait la famille hétéronormée, comme elle dit, au profit de communautés plus larges.
Je ne suis pas hermétique à ce propos. Il est vrai que trop d’enfants sont asphyxiés par l’air raréfié du huis-clos familial, que toute vérité est dans le métissage et qu’il y a tout à gagner à diversifier les référents dès le jeune âge. Oui, la famille nucléaire apparue aux XVIII° et XIX° siècles n'est pas un modèle universel. D’accord, donc, pour ouvrir les fenêtres. Ce n’est pas une nouveauté puisque le propre du socialisme républicain et de l’anarchisme il y a deux siècles était justement de chercher des formes d’association de taille moyenne qui fassent échec aussi bien à l’individualisme qu’à l’autoritarisme de l’État.
Après, il faut y aller molo. L’auteure du livre que j’ai cité se déclare lesbienne. Il est certain que les homosexuels ont été persécutés depuis 10 000 ans et on peut bien comprendre de leur part un peu de ressentiment parfois contre les abus de l’hétérosexualité.
Reste la question incontournable de la maternité, de la paternité et de la filiation. On peut toujours mettre en évidence la variété des structures familiales à travers le temps et l’espace, il reste qu’il y eut partout et toujours des structures de la parenté, comme dit Lévi-Strauss.
Il faut une belle audace et une belle assurance pour croire qu’on va ouvrir la porte du bonheur en supprimant ce qui fut la colonne vertébrale de l’humanité depuis ses origines… Humanité / chatons.
Photo : La Canebière et le Vieux-port hier après-midi. Il pleut sur marseille. Le soleil se languit (Vincent Scotto)
Strindberg dans Le Fils de la servante (sur le huis clos familial):
"Famille, je te hais. Tu es le foyer de tous les vices de la société: la maison de retraite des femmes qui cherchent leurs aises, le bagne du père de famille, et l’enfer des enfants"
Mais disons que Strindberg eut une enfance malheureuse à cause de son "papa".