La pornographie viole la complexité des êtres
9 fois sur 10, la radio me casse les pieds. Parfois pourtant, je capte quelque chose d’intéressant quand je vais à la déchetterie ou que je vais au service après-vente de Leroy-Merlin voir s’il y a moyen de réparer cette plancha de malheur. Hier, je tombe sur Abbas Kiarostami, vous savez, le cinéaste iranien, qui disait que tous les êtres étaient complexes et qu’un film qui prétendrait révéler la vérité d’un personnage serait comme un film pornographique. J’ai été stupéfié par la force de cette comparaison.
C’est vrai qu’on a déjà du mal à se connaître soi-même, alors, les autres… À moins que ce ne soit l’inverse. C’est trop facile de tailler un costume à autrui, juste en projetant ses propres émotions, ce qui bafoue la complexité confuse de chacun. C’est pourtant ce que nous faisons si souvent dans nos histoires de famille et autres.
Ça tombait bien parce que samedi, Finkielkraut s’était mis en colère contre Proust et je crois qu’il avait raison. Proust dit que l’amitié et l’amour sont des leurres qui font espérer des choses extraordinaires, mais qu’en réalité, une fois dégonflées les bulles imaginatives, il ne reste rien d’un être. Dire qu’il a bâti son saut dans l’art pur sur cette absurdité ! Ce n’est pas qu’il nie la différence qualitative qui existe entre les êtres, du moins ceux qui savent échapper aux conventions, mais il dit qu’on ne peut pas la connaître, à moins de prendre un billet de chemin de fer et un fauteuil pliant et de passer une journée à Amsterdam en contemplation devant les œuvres de Rembrandt ou de Vermeer. En amour, surtout, d'après lui, on ne se fait que des illusions. Après, Finkielkraut a parlé d’un livre de Sartre qui s’appelle L’Imaginaire. J’ai un peu regardé sur wikipédia : on n’y comprend rien du tout. Ah ! Les philosophes… Pourtant Finkielkraut a dit que Sartre dit le contraire de Proust. Il dit, comme Proust, que l’imagination c’est nul mais il ajoute que la réalité est beaucoup plus intéressante, d’une richesse inépuisable. Je regrette infiniment, mais c’est Sartre qui a raison. Le but de la vie c’est de chercher à déchiffrer le mystère des êtres, pas de se réfugier dans les bibliothèques et les musées.
Photo : piratée en feuilletant facebook. Merci.
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