La leçon de guitare

Péguy disait que le métier de professeur était le plus beau métier du monde. Aujourd’hui, ça ferait rigoler tout le monde. Voici pourtant Daniel donnant une leçon de guitare à Faustine, lui montrant comment placer les doigts.

Il y avait un figuier qui menaçait de soulever la maison. Daniel l’a déterré et replanté à un meilleur endroit. Comme il avait perdu la moitié de ses racines, en moins d’une heure, ses feuilles étaient tout raplapla. J’ai expliqué à Faustine comme le sauver en coupant la plupart de ses feuilles qu’il était incapable d’alimenter, mais en laissant deux tire-sève, et je lui ai tendu le sécateur. Elle l’a fait elle-même et, au bout d’un moment, deux petits rameaux étaient tout ravigotés. Elle a fait une photo.

Un peu plus tard, elle est venue me demander pourquoi je coupais cette branche d’olivier.

– Il fait trop d’ombre sur la fenêtre. Tu veux que je t’apprenne à faire marcher la tronçonneuse pendant que ton papa ne nous voit pas ?

Elle a dit oui. Je lui ai expliqué les règles de sécurité et à tirer d’un coup sec sur le démarreur. Elle a coupé deux autres branches et débité le tout.

Et même, même, même..., je suis arrivé à lire avec elle les poèmes de Rimbaud qui sont au bac.

Le long des gazons verts ricanent les voyous ;

[...] Caressent les bébés pour enjôler les bonnes…

Moi, je suis, débraillé comme un étudiant,

Sous les marronniers verts les alertes fillettes :

Elles le savent bien ; et tournent en riant,

Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.

Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas…

Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres…