La France est à cran
C’était le leit-motiv de l’émission de Finkielkraut il y a 2 semaines. C’était sur la France en colère, les manifs, le charivari à l’Assemblée, tous les problèmes. Il y avait un invité qui s’appelle Denis Olivennes. Comme Élie Cohen (mon récent billet Vous êtes de gauche ou de droite ?), il a démoli les arguments de mes amis convivialistes qui n’arrêtent pas de fustiger l’ultra-libéralisme de Macron et la casse sociale inspirée de Thatcher, de Reagan, de Hayek et des économistes du Mont Pellerin. J’ai retenu cette formule de D. O. : La météo sociale ressentie ne correspond pas à la météo sociale réelle.
Il a commencé à dire que la France était le pays du monde où le bien-être était le plus grand, la nation la plus favorisée, où l’état social était le plus puissant et redistributif. La France est le pays du monde où l’indigence est la mieux protégée, où les retraites sont les meilleures (même après la réforme), où l’assurance maladie est la plus protectrice, où l’école est la plus gratuite. C’est le pays où on travaille le moins, où il y a le plus de loisirs et de vacances. Quel que soit le critère, la France est le pays le plus confortable, sans parler du climat, des paysages, du patrimoine, de l’art, de la littérature et des fromages.
Alors pourquoi les Français sont-ils si chagrins ? D’après lui, ce serait un effet pervers de la redistribution. Quand un Français produit 100 euros de richesse, il en garde 40 pour lui et les 60 autres vont aux assurances et aux impôts. Il a l’impression qu’on le vole, que le travail ne paie pas, que ce n’est pas la peine de tant se fatiguer. Il ne se rend pas compte que ce qui va aux impôts et aux assurances, c’est justement ce qui fait la qualité de vie à la française.
L’autre jour, on parlait avec Alain de tout ce qui va mal, les trains, la santé, l’école, l’énergie la justice, les prisons, l’industrie. Il m’a dit qu’à son avis, c’était à cause de l’usure. Bon, mais alors qu’est ce qui fait qu’on n’arrive plus à entretenir ce qui s’use comme les centrales nucléaires, les trains, le réseau d’eau potable ?
Moi, je crois qu’on s’est enrichis sans s’en apercevoir. Regardez après-guerre. C’était évidemment pire qu’avant-guerre : les cabinets au fond du jardin et les pulls qu’on rallongeait quand un enfant grandissait. On nous dit les Trente Glorieuses. C’est vrai, mais si on revoyait nos premières voitures sans clim, sans direction assistée, qui tombaient en panne. Au début, mes parents avaient une 4CV, c'est minuscule, et moi, longtemps, j’ai eu une 4L. Pareil pour toutes les machines. Hier, je suis allé chez Darty. C’est fou le nombre d’appareils qu’on ne connaît même pas. Pareil pour tout, les vêtements, l’alimentation. Y a qu’à qu’à voir les obèses et les poubelles qui ont décuplé en 50 ans.
Je sais plus où j’ai entendu cette formule : la planète en peut plus de l’homme. Photo : vu à Cucuron.
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