La civilisation occidentale n'est pas occidentale !

J'aimerais poursuivre avec vous, mon cher lecteur, la réflexion de mon dernier billet sur les autoroutes et les chemins de traverse. J'ai plaidé en faveur de la complexité en rappelant que l'Europe avait inventé pêle-mêle les Droits de l'Homme mais le colonialisme, etc., etc. Je voudrais prendre maintenant un autre angle. On dit que les Grecs ont inventé la démocratie, la science et la philosophie et c'est vrai. L'Europe a recueilli cet héritage à partir de la Renaissance et l'a fait fructifier, mais prenons garde que la démocratie, la science et la philosophie ne sont que des processus, pas des contenus. On ne sait pas d'avance ce qui va sortir des urnes, des laboratoires et des dissertations. Il a fallu justement s'arracher aux croyances ethniques, pour déclencher ces processus qui se répandent aujourd'hui sur la planète entière. La démocratie, la science et la philosophie sont peut-être nées en Europe un beau jour, elles sont universelles dans leur principe.

C'est en un sens la même chose avec le christianisme qui s'est arraché à la piété et au rituel ethnique juif pour recommander un amour universel. Seulement, il est clair qu'au fur et à mesure des siècles, l'Église catholique a considérable colorié le christianisme, a rajouté des couches et des couches de théologie et de rituels et l'a, en ce sens, ethnicisé.

Si on fait l'addition aujourd'hui, qu'est-ce qu'on voit ? La science est en plein essor dans le monde entier. La démocratie aussi au sens où il n'existe plus de monarchies sacrées, genre pharaons. La philo aussi, disons l'esprit critique. En même temps, l'Europe est de moins en moins catholique et de plus en plus commerçante. Or le commerce n'a pas de contenu a priori. L'argent n'a pas d'odeur. On produit pour produire même si ç'est malfaisant. Ça circule et le monde s'uniformise.

Conclusion : la civilisation occidentale n'existe pas. Elle ne possède aucun contenu. C'est une sorte de courant d'air qui balaye le monde.

Je vous laisse chercher l'antithèse à ce paradoxe.