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L'un court, et l'autre se tapit


Mon dernier billet était vraiment raté, incohérent, narcissique, mal fagoté. Pardon ! Passons et parlons plutôt de l’Ukraine.

Hier soir, Sabine avait invité Ludmila et sa maman, Natalia, réfugiée de Japorojia sur le bord du Dniepr, pas très loin du Dombas. Je connais bien la charmante Ludmila parce qu’elle a été mon étudiante, il y a 20 ans ; après elle a fait du baby sitting chez Sabine et maintenant elle est infirmière à Marseille.

Sa maman, avait un brushing parfait et nous a même apporté un petit cadeau. Tout allait bien en apparence sauf qu’elle a quitté sa maison en catastrophe, confié le chat à une voisine et trouvé par miracle deux places dans une voiture pour elle et son autre fille avec ses deux enfants sur les genoux et son mari au front. Elle nous a raconté ses jours de galère pour arriver en Pologne, puis en Allemagne où elle a été bien accueillie dans une petite ferme avec une allocation de l’État. Là, elle est venue faire une visite à sa fille à Marseille.

Elle s’en tire bien en un sens, mais sa vie est bouleversée et ne redeviendra jamais comme avant…

Quel dilemme ! Partir ou rester ? Il faut choisir mais on ignore ce qui va arriver.

J’ai pensé à Baudelaire et à son immortel Voyage, peut-être le poème de lui que je préfère (relisez-le en entier, surtout la fin).


Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ; Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste.


L’un court, l’autre se tapit… C’est exactement ça ! Que faire, que choisir ? C’était pareil chez nous en juin 40. Ma pauvre tante Marguerite nous a raconté l’exode chaque fois qu’on est allé la voir, l’épopée de sa vie, des Vosges à Villeneuve-sur-Lot. Et encore, les Français ont moins souffert des Allemands que les Ukrainiens des Russes, je ne parle pas des juifs.

Ça, c’est pour les femmes et les enfants. Pour les garçons, c’est encore pire. Le dilemme, c’est résister ou collaborer avec l’ennemi. À Marioupol, ils ont résisté et ils se sont fait exterminer tandis qu’à quelques kilomètres de là sur les bords de la mer d’Azov aussi, les habitants de Berdiansk, si j’ai bien compris, se sont rendus et maintenant, ils sont tranquilles. Mais à Kiev, on les traite de collabo.

Nous, c’est drôle, en 14, la grande majorité des Français était pour la résistance à l’Allemagne et en 39, c’est le contraire, ils étaient pacifistes. Mais on a changé d’avis après coup, une fois connue la fin de l’histoire. Tout le monde est devenu pacifiste pour 1914 et résistant pour 1939. Facile…

Bonne chance, chère Natalia...

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