L'homme est-il un violeur en puissance ?

On a dit à l’abbé Pierre : Pas touche ! Il a touché.

Il a eu tort, d’accord.  Mais il a pas eu tort de toucher, il a eu tort de le faire sans consentement. Nuance.

Franchement, je trouve que la faute est un peu beaucoup partagée par ceux qui lui ont barré l’accès au sexe.

N’oublions pas que la copulation est nécessaire à la continuation de la vie. Metoo ne va quand même pas s’allier avec la religion catholique pour interdire le sexe. Une phrase d’Allan Bloom est restée dans ma mémoire : Le phallus se dresse devant la beauté et se rétracte devant le squelette : c’est la meilleure preuve de l’existence de Dieu. Et Rousseau : L'acte sexuel est le plus libre et le plus doux de tous les actes. C’est aussi ma théologie ! C’est un retournement complet de la doctrine catholique depuis Saint Augustin, ma bête noire. J’ai pas dit chrétienne. On sait que le Christ fréquentait les belles prostituées.

Merci, mon Dieu, de nous avoir fait don de la sublime complémentarité du masculin et du féminin et de la prime de plaisir qui récompense leur réunion !

Les Romains ont martyrisé les premiers chrétiens, ces héros. Mais l’Église a martyrisé des millions de pauvres abbés et terrorisé toute la civilisation catholique pendant 15 siècles en faisant du divin sexe de la femme la porte de l’enfer.

On discute beaucoup par les temps qui courent pour savoir si tous les hommes sont des violeurs en puissance. Évidemment que oui ! C’est exactement comme le vol. Gygès, raconte Platon, trouva dans un ruisseau un anneau qui le rendait invisible. Il en profita pour contempler la nudité de la femme du roi Candaule et finit par la violer.

Moi, si j’avais cet anneau, j’irais prendre l’argent des riches pour le donner aux pauvres ! Rousseau fut plus prudent. Il avait beau croire en la bonté naturelle de l’homme, il craignit de tomber dans le voyeurisme et dit : Tout bien considéré, je crois que je ferais mieux de jeter mon anneau magique avant qu’il m’ait fait faire quelque sottise. 

Et vous, les filles, qu’est-ce que vous feriez, si vous aviez un pareil anneau ?

Photo : Gygès et le Roi Candaule matant Nyssia endormie, par Joseph Ferdinand Boissard de Boisdenier, 1866.