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L'héroïsme est-il exportable ?


Pour me divertir de Mickaïl Boulgakov qui est de plus en plus foldingue, j’ai sorti de la Bibliothèque municipale les deux tomes Pléiade des Écrits politiques de Bernanos. Pas question de lire tout ça évidemment, d’autant que Bernanos est complètement allumé et que son écriture est pleine d’épines. Je m’en tiens donc aux notices, spécialement celles de Jacques Chabot qui fut mon directeur de thèse.

Bernanos est surtout apprécié pour avoir courageusement changé son fusil d’épaule, lui, d’extrême droite, et devenir gaulliste et résistant en juin 40. C’est son grand mérite.

Sinon, ce qui m’a tant frappé, c’est la haine de la bourgeoisie que nourrit ce penseur d’extrême-droite. Si le monde moderne est immonde, c’est parce qu’il est un monde capitaliste qui ne pense qu’à l’argent, répète Bernanos. Là, aucune différence avec toute la pensée de gauche depuis deux siècles : la Révolution a été trahie et confisquée par les puissances d’argent et les pires répressions que la France ait connues sont celles qu’ont exercées les bourgeois en 1848 et en 1871 : 10 000 et 30 000 morts sur le pavé de Paris !

Vous me direz que le péché de l’extrême-droite, de Drumont à Bernanos en passant par Barrès et Maurras, c’est l’antisémitisme. Vous aurez raison, mais je vous répondrai que la gauche était antisémite aussi (sauf Leroux, Péguy, Jaurès) et pour les mêmes raisons.

La différence, car il y en a une, c’est que Bernanos est obsédé par les valeurs d’Ancien régime que sont l’honneur (aristocratique) et la sainteté (chrétienne). Évidemment, l’honneur et la sainteté, aujourd’hui, ça fait rigoler tout le monde, si on sait encore ce que ces mots signifient.

Lui, Bernanos, son héroïne favorite, c’est Jeanne d’Arc persécutée par les Docteurs, et sa grande honte, c’est Munich en 1838, faute mortelle contre l’honneur. Ce qu’il aurait fallu faire, à ce moment, c’est rentrer dans le chou d’Hitler direct. Il a donc choisi de Gaulle tandis que Maurras choisissait Pétain.

Franchement, je ne comprends pas le mépris dans lequel sont tenus de tels hommes d’extrême-droite, entièrement tournés vers le petit peuple à partir d’un idéal de dévouement inspiré par la vieille noblesse et par l’Évangile.

Après, Bernanos rêvait d’une révolution mondiale inspirée par l’idéal de sainteté et d’honneur dont la France de Saint-Louis, de Jeanne d’Arc et de de Gaulle avait donné l’exemple. Mais il était le premier à dire qu’une toute petite minorité d’homme était capable de s’élever à une telle altitude. Alors à quoi bon fulminer contre l’avachissement des masses obsédées par la sécurité, le marché noir et le système D. L’héroïsme est-il exportable ?

 

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