L’Achoura iranien, le lesbianisme politique et le célibat sud-coréen
Michèle aime bien regarder des documentaires sur Arte. Moi, plongé dans les Pensées de Pascal et dans les jansénistes, il m'arrive de passer la tête par-dessus son épaule et d’observer les Iraniens occupés à récolter le safran, à partager un immense repas commun et à célébrer l’Achoura dans une sorte de transe. Évidemment, nous, l’Achoura, ça nous fait ni chaud ni froid, mais à eux, ça leur fait beaucoup, vous savez, c'est quand l’imam Hussein a été massacré avec toute sa famille lors de la bataille de Kerbala, d'où la sécession chiite. Durkheim a peut-être raison de dire que « Dieu, c’est la société ».
Voilà ce que nous avons perdu, me dis-je, et que les religions avaient su faire vivre. Heureusement qu’il nous reste les passions collectives inspirées par le foot et les raves parties.
On ne va pas dire que les Ukrainiens sont heureux ni les Turcs. J’avais cependant été frappé, il y a bien longtemps, par cette affirmation de Dominique Fernandez que les Italiens ont la joie de retrouver des émotions collectives quand un terremoto les tire de devant leur télé et les réunit tous dehors. Le 24 février, une émission décrivait l'immense mouvement de solidarité des Ukrainiens, l’Ouest approvisionnant l’Est, l’arrière soutenant le front, les électriciens réparant les installations au fur et à mesure qu’elles sont détruites.
Là-dessus, je file aux Terrasses du port, mon i-phone sur l'oreille : Ovidie faisait l’éloge du lesbianisme politique. Peu importe le sexe par lequel une fille est personnellement attirée : la sororité propre au lesbianisme politique permet de faire échec à l'hétéronormativité patriarcale.
La jeunesse sud-coréenne n’a pas eu besoin d’en passer pour le lesbianisme politique pour ruiner le patriarcat. Ce matin, aux infos, on disait que la majorité de la jeunesse faisait le choix du célibat : vivre en couple et avoir des enfants, c’est trop de sacrifices par rapport à la consommation.
Remarquez, ça résoudra le problème démographique…
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