Je pense aux générations
Je pense aux générations, entendues comme un groupe de jeunes gens qui ont été exposés à un événement historique donné, comme un papier argentique aux ombres et lumières d’une pellicule photo.
Mon grand-père appartient à la génération d’Août 14, mon père à celle de Juin 40, moi à celle de Mai 68. Je retrouve une lettre de mon père datée de 1991 :
Ce qui serait insensé, en 1991, ce serait d’oublier que, depuis 1961, autant d’eaux ont coulé sous les ponts qu’entre le début de la première et la fin de la deuxième guerre mondiale.
Je crois qu’il avait raison.
Or c’était le moment où la quatrième génération du XX° siècle entrait en scène, celle de la chute du communisme et de la mondialisation avec tout ce qui s’en est suivi.
Le numérique et le smartphone sont en train de faire avenir la première génération du XXI° siècle qui réussit ce que le communisme a échoué à faire, du passé table rase. Ça tombe bien puisque l’Éducation nationale dont le but est la transmission des savoirs d’une génération à l’autre est en chute libre. Péguy pourtant disait que le lycée était le lieu par excellence de transmission de la culture, donc de la liberté.
Mais est-ce vraiment si grave si Ronsard, Rabelais, Racine, Baudelaire et Hugo, dorment tranquillement dans les bibliothèques à l’abri des souris ? Certes non. Je vois pourtant deux soucis :
Souci n ° 1 : l’Europe ne peut pas en 25 ans produire autant de chefs d’œuvre qu’elle l’a fait en 25 siècles. Combien en comptez-vous d’ailleurs à la mesure d’Homère, de Montaigne, de Balzac et de Proust depuis le début de ce siècle orgueilleux ?
Souci n ° 2 : c’est notre langue commune qui se perdra le jour où Le Petit chaperon rouge et Mignonne allons voir si la rose ne seront plus des signes de reconnaissance.
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