Jésus et les femmes
Hier, on est allé à l’Escale Borély, on a choisi des sièges confortables devant la mer et on a commandé un jus de tomate. J’avais apporté ma vieille Bible achetée chez un bouquiniste d'Alexandrie, pour finir l’Évangile de Matthieu.
Je tombe sur cette histoire de Jésus qui guérit une hémorroïsse. Moi, je croyais que c’était une femme qui souffrait d’hémorroïde. Eh bien pas du tout ! Annick a beau être gynéco, elle savait pas non plus ! Vérification faite, merci wikipedia, c’est une femme affligée de règles abondantes. J’ai trouvé ça un peu gênant.
Après, je tombe sur l’histoire de Salomé qui fait la danse des 7 voiles devant Hérode et qui lui demande en récompense la tête du Baptiste sur un plateau. Je ne vois vraiment pas ce que vient faire dans l’Évangile cet épisode libidineux.
Il est vrai qu’un parfum de femmes flotte dans tout le texte. Je ne pense pas seulement aux trois Maries au pied de la croix. Il y a la Samaritaine, cette palestinienne, à qui Jésus ose demander de l’eau. Il se laisse approcher par les belles prostituées. Il relève la femme adultère que les pharisiens s’apprêtaient à lapider. Et le plus, c’est Marie-Madeleine, encore une pécheresse, qui a gaspillé un parfum précieux en le versant sur les pieds de Jésus qu’elle baise et qu'elle essuie avec ses cheveux. Quelle scène ! Elle le suivra jusqu’au dernier jour. Hugo la décrit affolée après l'arrestation de Jésus :
Une femme se hâte en une rue étroite ;
Elle regarde à gauche, elle regarde à droite,
Et marche. S’il faisait moins sombre au firmament,
On pourrait à ses doigts distinguer vaguement
Le cercle délicat des bagues disparues ;
Son pied blanc n’est pas fait pour le pavé des rues ;
Elle porte un long voile aux plis égyptiens
Plein de rayons nouveaux et de parfums anciens.
Jeune et blonde, elle est belle entre toutes les femmes ;
Elle a dans l’œil des pleurs semblables à des flammes ;
C’est Madeleine, sœur de Lazare. (La Fin de Satan)
Claudel, tout grenouille de bénitier qu'il soit, a pu écrire :
Il manque quelque chose à la Croix et au Crucifié si cette Madeleine aux épaules nues et à la chevelure éparse ne figure pas dans ce tableau où elle est entrée pour l’éternité. Le Christ et Madeleine sont pour toujours inséparables. C’est à ses pieds que la beauté païenne s’est consommée. C’est la place qui lui a été réservée depuis toujours et qui ne lui sera jamais ôtée.
Photo : la danse de Salomé par Gaston Bussière.
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