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Flaubert et les reliques de Saint Louis



Comme Louise, Péguy et Bernanos parlaient toujours de Saint Louis, j’ai voulu en savoir plus et j’ai pris son portrait sur wikipedia. J’ai appris que le 25 août 1298 les ossements du grand saint avaient été solennellement déposés dans une châsse en or, derrière le maître-autel de la Basilique Saint Denis, mais plus tard sa tête fut transférée à la Sainte Chapelle à condition de laisser aux moines le menton, les dents et la mâchoire inférieure du saint.

Philippe le Bel offrira des phalanges de doigts au roi de Norvège Hâkon V. En 1392, le pape aura une côte du saint et les ducs de Berry et de Bourgogne deux côtes. En 1616, Anne d’Autriche reçoit un petit morceau de côte, mais insatisfaite, elle obtient une côte entière l'année d'après et, un peu plus tard, elle s'entretient avec le cardinal de Guise pour obtenir une autre côte et un os dans le but de les offrir aux jésuites de Paris et de Rome. Enfin, en 1860, les entrailles du saint sont emportées par le roi des Deux Sicile. Elles sont ensuite déposées dans la chapelle d'un château en Autriche que l'empereur François-Joseph a mis à sa disposition.

J’ai beaucoup simplifié l’histoire mais je suis sûr qu’il y en a déjà bien assez, mon cher lecteur bien moderne et bien positif, pour que vous pensiez que ces types-là étaient complètement cinglés. Je me trompe ? Ce n’est pas l’avis de Flaubert. Quand il réussit son bac à 17 ans, son père lui paya un voyage dans les Pyrénées et en Corse où il a dû rencontrer des populations arriérées. Je vous laisserai juge de ce qu’il écrivait dans son Journal :


On nous vante le bonheur matériel du monde moderne et, reportant sur le passé un immense regard de pitié, nous faisons les capables et les forts, nous nous rengorgeons dans notre linge frais et dans nos maisons bien fermées, qui sont plus vides, hélas, que les caravansérails délabrés de l’Orient, abandonnés qu’ils sont à tous les vents qui dessèchent, où nous habitons seuls, sans dieux et sans fées, sans passé et sans avenir, sans orgueil de nos ancêtres, sans espoir religieux dans notre postérité, sans gloire ni armoiries sur nos portes, ni sans Christ au chevet.


Photo : vu chez Sabine (sans rapport avec le sujet)

 

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