Enfin un article intéressant !

Mon ami de Tokyo, Nobutaka, m’a envoyé un article passionnant sur l’impérialisme. On sait que le Japon s’est modernisé beaucoup plus vite que la Chine (ère Meiji). Il a acquis une supériorité économique et militaire écrasante dès le XIX° siècle. Du coup (comme on dit), il a fait exactement comme les Européens : il s’est lancé dans un colonialisme brutal contre la Chine et contre la Corée. Comme quoi, le colonialisme n’est pas qu’européen : il est humain, hélas. Les Japonais souffraient que la race jaune soit méprisée par la race blanche. Pour se rattraper, ils ont méprisé la race chinoise et se sont pris pour la l'élite de l’Asie. C'est Nobutaka qui le dit.

Je ne dis pas du tout cela pour excuser l’Europe, son colonialisme, son impérialisme. Nobutaka est arrivé à dénicher une incroyable citation d’Anatole France au moment de la guerre russo-japonaise de 1905.

Petit rappel : la Russie et le Japon rivalisaient pour conquérir le nord de la Chine, la Mandchourie. C’est le Japon qui a gagné et qui a chassé les Russes. Terreur à Paris ! C’est la première fois qu’un peuple asiatique écrabouille un peuple européen. On se met à crier au péril jaune. Anatole met les choses au point :

Nous découvrons le péril jaune. Il y a bien des années que les Asiatiques connaissent le péril blanc. Le sac du Palais d’Été, les massacres de Pékin, les noyades de Blagovetchensk, le démembrement de la Chine, n’était-ce point-là des sujets d’inquiétude pour les Chinois ? Les Japonais se sentaient-ils en sûreté sous les canons russes de Port Arthur ? Nous avons créé le péril blanc. Le péril blanc a créé le péril jaune. Nous avons enseigné aux Japonais le régime capitaliste et la guerre. Ils nous effraient parce qu’ils deviennent semblables à nous. 

Tac !

Photo : la famille impériale de Tokyo au XIX° siècle.