Des livres translucides

Je me pose des questions parce que je suis de plus en plus allergique aux discours et aux livres compliqués que je ne comprends qu’à moitié, avec des mots bizarres. Je ne suis même pas sûr que le bavard se comprenne lui-même. Alors on me dit que je suis orgueilleux et que j’écarte d’un revers de main tout ce qui n’entre pas dans mes clous.
OK. Il doit y avoir du vrai mais j’ai envie de contrattaquer en faisant l’éloge de la simplicité comme de la condition sine qua non de l’expression écrite et orale. J’ai eu un coup de foudre intellectuel pour 3 auteurs dont toute la pensée peut se comparer à une pyramide posée sur la pointe : le triangle mimétique de René Girard, le carré de la fausse motivation de Paul Diel et la navette des don/contre-don de Marcel Mauss. Je ne dis pas que je les aime parce qu’ils sont simples : je les aime parce qu’ils disent des choses vraies, lesquelles d’ailleurs se recoupent. Mais la condition sine qua non de validation de leur pensée est d’être translucide.
Si on commence à me faire des schémas compliqués avec des néologisme, c’est qu’on m’enfume, qu’on m’embrouille et qu’on m’embarque dans des discutailleries sans fin. Je ferme le livre et je coupe le poste.
Péguy a écrit des choses définitives contre l’esprit de système. Je ne sais pas pourquoi ça a commencé au moyen-âge, en latin, cette manie scolastique de couper les cheveux en 4 et d’enc… les mouches. Nous, en France, on s’est débarrassé de cette maladie dont Rabelais s’est bien moqué. Montaigne, Pascal et Rousseau écrivent comme tout le monde. Mais les Allemands, eux, ont continué, avec leurs philosophes, et le pire est qu’ils se sont mis à influencer certains auteurs français.
Que de temps j’ai perdu avec des livres difficiles qui ne m’apportaient rien mais je courbais l’échine sous l’argument d’autorité.
Oui, Saint Augustin ! la Libido sciendi n’est pas moins dangereuse que la libido dominandi et que la libido sentiendi.
Photo : Georges de la Tour, La Madeleine à la veilleuse - détail
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