De la soumission
Bien mal nommé, le structuralisme fut en réalité un déstructuralisme tourné contre toutes les formes de domination, le mot qu’on entend le plus dans tous les grands débats sociétaux actuels.
La soumission, en arabe, islam, est la grande oubliée de l’opération, je veux dire la servitude volontaire, le masochisme, etc. Ce n’est pas trop visible en France, pays de Voltaire où domine l’esprit critique. Je dis cela parce qu’on se tromperait lourdement à croire que c’est la force seule qui maintient les hiérarchies. C’est aussi ce que Pascal appelait les cordes d’imagination. Louis Dumont n’a-t-il pas expliqué que l’homo democraticus, espèce à laquelle nous appartenons, a été précédé pendant des dizaines de milliers d’année par l’homo hierarchicus convaincu de la légitimité sacrée des aristocrates au sang bleu, des brahmanes, des samouraïs et autres conquistadors ? Octave Mannoni a choqué Aimé Césaire et Franz Fanon en mettant le concept de dépendance au cœur de sa Psychologie de la colonisation. C’est peut-être pour cette raison que la colonisation a si bien marché, si j’ose dire.
Il y a en tout cas un immense différentiel entre l’Europe qui a entrepris de s’affranchir des dominations voilà plusieurs siècles et le reste du monde qui en est à ses débuts. Il faudrait peut-être ne pas oublier cela quand on fait de la géopolitique.
Mais attention aux retours du bâton. Le nazisme est-il domination ou soumission ? Les deux évidemment !
Et puis la soumission est ambivalente, comme toute chose. C’est aussi modestie, respect, admiration.
Photo : 1er décembre 2016. Sacre du roi de Thaïlande.
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