De la pureté
Longtemps, les filles étaient obsédées par la pureté, ce qui veut dire devaient s'abstenir des relations sexuelles avant et en dehors du mariage. Maintenant, on les accuserait plutôt de niaiserie. Mais l'obsession de la pureté s'est déplacée vers l'épiderme et vers la maison, cette deuxième peau : cosmétique et ménage. Deux siècles de publicité nous ont convaincus (je compte depuis César Birotteau, l'illustre héros balzacien, 1837), que la chimie devait avoir raison des microbes et de la nature polluante.
Il me suffit personnellement d'un savon de Marseille par an qui fait pour tout : les dents, les cheveux, la toilette, le ménage, la lessive. Économie d'euros, de temps, d'espace (les kilomètres de rayonnage dans les pharmacie et les drogueries), et, surtout, de pollution de notre pauvre planète.
Aujourd'hui, tout s'inverse : quand c'est propre chez moi, c'est sale dehors. Nos produits et leurs emballages plastifiés s'avèrent être des pesticides violents. Les crèmes solaires par exemple sont cancérigènes et polluent les océans par dizaines de millions de tonnes chaque année. Pareil pour l'alimentation : la pandémie d'obésité accuse sans réplique la civilisation commerciale-publicitaire-consumériste. Je ne sais pas ce qu'en pensent les garçons mais il devient de plus en plus difficile de rencontrer une jolie taille sur nos trottoirs. Et que dire de ces enfants qui ondulent sur les plages un pneu autour des reins ?
Oui, ceci est un éloge de la marge et de la radicalité critique. Les filles qui serraient les cuisses étaient peut-être niaises mais nous, on est quoi ? Ah , Rousseau ! Ah Giono ! Ah Pierre Rabhi !
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