De la plénitude

Bruno, vous filez du mauvais coton, me disait un jour Absa, cette fille de prince. C'est vrai que, depuis cet été, j'ai pris l'habitude d'un petit jaune bien dosé vers 18 heures, quand les ombres des monts grandissent jusqu’à nous, comme dit Virgile (Buc, I, vers 83), mon poète favori après Baudelaire, dans la belle traduction de Paul Valéry que m'a fait connaître Emmanuelle. Merci à elle.
Quand je dis bien dosé, je veux dire sans eau, en remplissant de glaçons le verre à ras bord. Ça aide...
On n'existe guère que par les autres, c'est entendu. Chacun a besoin de l'approbation des autres sous peine de mort. Les uns cherchent à être aimés, les autres à être enviés, ce n'est pas du tout pareil, bien sûr : collaborer ou rivaliser. Mais dans les deux cas, la relation, est vitale. Et quand elle fait défaut ? Comment les musulmans font-ils pour se passer d’un petit adjuvant ? Sans doute en faisant la prière tous ensemble.
Je me souviens de Gabriel Matzneff, à l'époque lointaine où je lisais ses billets chaque samedi en page 2 du Monde. Il disait qu'aucune dépression ne résistait à un bon repas avec une bonne bouteille de Bordeaux et une bonne pipe. Je souscris en choisissant plutôt une bouteille de Côtes du Rhône, du 14°, 5.
Tout ça pour parler de la sensation de plénitude dont nous avons tous tant besoin et pour remarquer que la qualité de nos affects, bons ou mauvais, est à reconquérir chaque jour à la pointe de l'épée. Toujours remonter au front... Reste qu'au bout du compte, le bien être est une sensation physiologique qui remplit tout le devant du corps et qui peut aussi être provoquée artificiellement avec l'aide de Bacchus.
Resterait à expliquer qu’il existe un moyen beaucoup plus sain de parvenir au même résultat, et même beaucoup plus, consistant à combler un vide par un vide, je parle en homme bien sûr. Je vous réserve un billet inspiré de Montaigne à ce sujet. À très vite…
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