De belles vacances en famille
Je ne sais pas vous, mon lecteur, mais nous, nous avons la chance d’avoir une belle petite famille et, chaque été nous passons deux semaines tous ensemble à la campagne. Quand je dis petite famille, c’est plutôt moyenne famille, 15 sujets sur 3 générations + 9 chats. Le temps du cousinage. Une chance exceptionnelle par les temps qui courent, je le mesure bien, à condition que les volontés se combinent plutôt que de se contrarier. La vie ensemble, ce n'est pas comme de boire un verre entre copains, c’est comme sur un bateau, un cluster, une expérience de l'altérité, une comédie humaine en miniature où un système de contrepoids bien huilé, comme chez Montesquieu, doit régler la cohabitation des différences.
Il y a les rapides et les lents, les maniaques et ceux qui sont zen, les pudiques et les tapageurs. Il y a aussi des religions différentes, les catholiques fervents, les juifs libéraux, les chrétiens profonds, les agnostiques. La différence ne fait-elle pas la richesse de l’humanité ? Il y a ceux qui s’affairent aux cuisines et tournent la sauce et ceux qui tournent le béton, veillent aux canalisations bouchées et à l’élimination des déchets en tous genres (je ne détaille pas). Là, ça se complète bien. Il y a aussi les experts en informatique qui font les mises à jour des nuls. Il y a ceux qui s’intéressent aux jeux olympiques et ceux qui trouvent que c’est commun. Bien tirer la porte coulissante quand on approche de la fin de la compétition.
Après, il y a le chapitre de l’éducation des enfants, stricte ou laxiste (repas, coucher, douceurs, lecture et vidéos, jouets en plastique ...). Zone dangereuse, à traiter avec diplomatie (rapport aux mamans…). Il y a aussi les fervents d’écologie qui mangent la croûte du fromage, méprisent la climatisation, divisent par 4 la dose de liquide vaisselle et rationalisent les déplacements en voiture. Attention à ne pas trop faire de remarques aux dispendieux et aux luxurieux.
Je vois aussi une nuance dans les conversations à table : les uns s’en tiennent à l’immédiat, le contenu de l’assiette, la diététique, le covid, les incendies, les chiens et les chats tandis que d’autres aimeraient échanger sur la divinité de Jésus-Christ, la nature de l’homme, le destin de l’Europe et la marche du monde. Tout l’art consiste à glisser d’un sujet à l’autre en bien rabotant les épines. Si possible avec un zeste d’humour comme l’huile d’olive dans la salade.
Je n’ai pas dit à quels partis j’appartenais à chaque fois. À chacun de se reconnaître.
Impossible d’éviter complètement les grincements, mais chacun y mettant du sien, et avec l’aide de Dieu, nous progresserons en sagesse d’année en année…
Photo : le retour de la Whitebread, la course autour du monde en équipage.
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