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Défendre la patrie ?




Ce matin, Antonia était restée dormir chez moi et, quand elle s’est réveillée, j’ai mis le défilé militaire sur l’Avenu Foch. Elle a remarqué qu’il y avait beaucoup de filles, très belles sous l’uniforme, marchant au pas cadencé, impassibles, le regard droit qui ne cligne pas, le menton relevé.

Les petits soldats, comme les appelle la cantinière à Waterloo dans La Chartreuse, se succédaient, corps par corps, avec leurs armes et leurs tenues.


-       Trop stylés !

-       Tu aimerais être soldate ?

-       Oui !

-       Pourquoi ?

-       Pour défendre la patrie.

-       Tu n’es pas contre la guerre ?

-       Si on nous attaque, c’est pas la guerre.

-       Mais s’il y avait un ennemi devant toi, tu lui crèverais le ventre avec ta baïonnette ?

 

Là, elle a hésité. Alors, j’ai mis le Chant des partisans.

 

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?

Ohé ! partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme ! Etc.

 

Il y avait en fond d’écran un défilé de photos des Francs-Tireurs pendant la Libération de Paris. Leur allure hétéroclite me touche autant que l’uniforme impeccable de l’armée. Une autre vie qui exclut toute divergence, même d’un millimètre, et n’a d’égal que celle des monastères. Profonde remontée d’émotion.

 

Je repense toujours à Vigny et à la conclusion de Servitude et grandeur militaires :


La guerre est un jouet féroce, une barbarie dont on peut prévoir la prochaine disparition. Il n’est pas vrai, comme l’a dit Joseph de Maistre, que la guerre soit divine et que la terre soit avide de sang. La guerre est maudite de Dieu et des hommes mêmes qui la font.

L’armée, pourtant, est le dernier endroit où les notions de Devoir, de Sacrifice et d’Honneur aient encore cours. C’est un legs de l’ancienne France.

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