top of page

Comment se faire des amis en 4 anecdotes


1- Une fois, en débarquant à Gorée, on part d’un pas léger visiter la maison des esclaves en admirant les bougainvilliers et le bleu indigo porté par les signares. Zut, les valises ! On a oublié les valises sur le bateau ! Il est reparti ! - Y a pas d’souci, nous dit un beau noir coiffé d’un béret. Je téléphone à mon frère qui va s’en occuper. Revenez dans une heure. En effet, voilà nos valises et notre ami refuse absolument toute récompense.

Plus tard, nos pas nous conduisent dans les ruines du Palais du gouverneur dont les allées ouvrent sur l’océan. Une galerie était ornée de toiles fraîches exposées contre les piliers. Sous une voûte, son atelier, se tenait l’homme au béret. C’est Corentin. Nous lui avons acheté deux toiles qu’il nous a expédiées en France et correspondons encore.


2- Retour de Bruxelles : Zut ! J’arrive plus à ouvrir la valise ! Elle est fermée à clé. C’est toi qui l’as fermée ? - Pas du tout. J’ai perdu la clé il y a des années ! Je la force : les affaires d’un autre ! On a dû confondre en descendant du TGV. Je fouille : un livre publié par les Presses de l’Université catholique de Bruxelles, Département de sociologie, me met sur la piste. Internet m’indique les coordonnées de quelques enseignants de ce département. J’envoie 5 messages et reçois la réponse de mon échangiste dans les 5 minutes. On troquera les valises par la poste.


3- En juillet 69, j’ai lu tout Diderot, un volume Pléiade, à moitié immergé dans le divin bassin de Gerbaud près du chêne centenaire, parmi les vignes. Ça donne des droits, non ? même quand la propriété a été vendue. Au plus fort de la canicule, vingt ans plus tard, nous y allons encore avec Michèle et les enfants prendre un petit bain en contrebande. Une 2 CV se pointe et pile net devant nous dans un nuage de poussière. Qu’est-ce que vous faites-là ? Vous ne savez pas lire ? C’est une propriété privée. Je tente de m’excuser sur l’habitude et sur Diderot. – Puisque c’est comme ça, je vous invite à boire une orangeade à la bastide. C’est ainsi que Mitsi devint notre amie de 10 ans…


4- Quelle emmerdeuse ! écris-je à Armen à propos de cette femme qui nous met des bâtons dans les roues pour publier des inédits de Paul Diel sous le titre Angoisse et Joie. J’ai écrit la préface. Zut et zut ! Je me suis trompé ! J’ai mis le message en copie à Madame Solotareff, celle dont il me faut la signature. En plus, elle a près de 90 ans. Je calcule plusieurs fois mes intonations, j'inspire un bon coup et je décroche le téléphone. - Madame Solotareff ! Je suis Bruno Viard et je vous présente mes plus plates excuses. J’ai été très impoli et le regrette… - Cher Monsieur, ne vous inquiétez pas, je ne pratique pas depuis 50 ans la psychologie de la motivation pour me vexer si facilement, perdre l'humour et ne pas savoir faire la part des choses. J’accepte vos excuses et vous donne l’autorisation de publier les inédits.


Photo : vu à l'expo Muholi, Femmes d'Afrique du Sud LGBTQIA+, MEP, rue de Fourcy, Paris.

Comments


bottom of page