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Adieu à Arles qui s’en va



Les expos photo d’Arles me fâchent de plus en plus. Jusqu’à maintenant, j’arrivais toujours à tirer mon épingle du jeu. Cette année, presque rien sauf du déjà vu et du bien connu (Louise Weis, Saul Leiter). Ce qui domine, c’est le quelconque, le trivial, l’ordinaire, la photo floue et ratée. Quel parti pris ! Quel ennui ! Et les gens qui regardent ça d’un air entendu et pénétré ! Mais qu’est-ce qu’ils ont donc dans la tr… dans la tête ?

Une chose pourtant m’a touché, ce sont d’assez grandes toiles exposées en extérieur depuis 2019 près de la chapelle Saint Césaire. Évidemment, tout le monde passe devant sans les regarder.

Les auteurs, Nathalie Delaborde et Hany Tamba ont ramassé dans des brocantes des photos d’identité anonymes des années 30 à 50, ils les ont agrandies et colorisées et ont imaginé des épitaphes, vous savez, ces inscriptions qu'on grave sur les tombes. Je vous en ai mis une. Vous en trouverez d’autres en ligne, mais sans les épitaphes, ça perd beaucoup de son intérêt. Je complète donc :

La femme au regard fixe devant des cheminées d’usine : Guettant son retour le regard endurci, tu es seule pour nourrir les tiens.

Celle qui a une mouche au-dessus de la lèvre : Tu avais cru à ses promesses mais il est parti sans un mot et tu l’as attendu jusqu’au bout.

L’homme à la moustache : Dans la solitude de tes nuits, ta seule amie vient te chuchoter des petits bruits de l’au-delà.

Heureusement que mon petit hôtel est charmant. Une petite perfection, rénovée par India Mahdavi, dans une rue calme du centre, la rue du cloître. De ma fenêtre, j'ai justement la vue sur le cloître Sainte-Trophime. 114 euros en single.

J’écris dehors, sur une table de bois sous un Paulownia géant. Je n’en bougerai pas de la soirée. 6 heures et 1/4 : les cloches se mettent à sonner avec un son délicieux.

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