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Un cauchemar devant la chapelle du lycée Thiers


Ça vous intéresse que je vous raconte mon rêve de cette nuit, mon lecteur ?

Alors... Dans la première partie de ce rêve, je parcourais une ville mystérieuse à la façon de Nerval dans Aurélia. Une ville antique désertée par ses habitants. Dans une excavation, un homme en prière s'était entouré de bougies, ailleurs, un autre frappait sa batterie comme un sourd. Mon chemin de plus en plus escarpé m'obligea à escalader une muraille verticale. La nuit qui tombait rendait le choix des prises de plus en plus difficile au risque d'une chute dans un abîme. Je revins en arrière et trouvai un passage qui me permit de grimper grâce à des blocs offrant des prises sûres. Un rétablissement me fit découvrir, (le soleil était revenu) un enchevêtrement de toitures, genre Hussard sur le toit. Mais des toitures très courtes bordées de rues profondes. Une seule issue, soulever quelques tuiles et descendre dans une maison.

C'étaient des tuiles marseillaises et non des tuiles canal comme à Manosque. Dans la deuxième partie de mon rêve, je traversai justement la Canebière au niveau du cours Belsunce. Je tâchais de me faire remarquer en marchant comme un automate, comme un robot mécanique, mais personne ne prêtait attention à moi. Il se mit à pleuvoir et une couleur rousse envahit les caniveaux car les égouts devaient être bouchés. La nuit tomba pendant que je remontais la Canebière. La pluie redoublait quand j'arrivai au débouché du Boulevard Garibaldi. Je remontai les jambes de mon pantalon mais l'eau m'arrivait au dessus du genoux. Devant la chapelle du lycée Thiers, là où le trottoir s'élargit pour monter le Cours Julien, un grand cheval débouchant au galop, se cabra et s'effondra dans une fondrière qui l'engloutit aussitôt. Je me réfugiai sous un porche près d'un passant qui contemplait le torrent où se reflétaient les éclairages publics. Mon rêve s'interrompit quand j'essayai de me faufiler le long de la palissade protégeant un chantier où quelques ouvriers continuaient à s'activer au fond d'une tranchée.


Un rêveur assiste, tout étonné, comme dans un fauteuil de cinéma, à un film dont il est le héros. Mais qui est donc le metteur en scène à l'imagination si intrépide ? Quant à moi, j'ai fourni le souvenir d'un orage réel survenu à Alexandrie d'Égypte et le drame d'un passant qui vit sa femme qui se serrait à son bras avalée par une bouche d'égout. Les travaux d'excavation pour sonder les catacombes de la ville bloquèrent pendant six mois le carrefour d'El Horeya et de la rue Nabi Daniel. J'ai découvert dans un journal l'année suivante que c'était une arnaque à l'assurance. Un autre souvenir me revient à l'esprit, le cavalier de l'Apocalypse brandissant un drapeau noir qui, lors de l'enterrement du général Lamarque, donna le signal des barricades du 5 juin 1832 au Cloître Saint Mery. Trois jours après, pendant que sonnait le tocsin, avant l'assaut final de la troupe, certains insurgés purent s'évader par les toits, Jean Valjean par les égouts.

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