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Envie de Copenhague


Je suis parti un peu par défaut au Danemark : un trop grand changement de rêverie pour le méditerranéens d'adoption que je suis (les plus dangereux). Le premier jour, on s’est un peu embêtés dans des musées qui n’avaient rien de danois. Le charme a pris petit à petit. Une bruine nous a accompagnés dans les rues blanches, brunes et grises comme dans les peintures d’Hammershøi. Michèle a dit Rien n’est laid. C’est vrai, tout est soigné. Rien de sublime ni de sordide comme dans les pays catholiques. Tout est bien arrangé, par exemple la terrasse et l'extérieur des cafés. Ça donne une sensation de civilisation et de communauté très bienfaisante. Un art de vivre moyen, c’est en ce sens un grand art de vivre. Des boutiques de design à tous les coins de rue, surtout rue Bredgade, derrière notre hôtel, proche du palais royal. Hôtel sur le quai dans le style silo à grains à poutres géantes. Vue sur les docks.

La pauvre petite sirène un peu plus haut. J'ai fait des révisions. L'histoire m'a paru assez embrouillée mais j'ai fini par comprendre que la petite sirène souffrit beaucoup pour avoir voulu adopter la condition humaine pour l'amour d'un prince. Des garçons très grands et des filles très blondes au regard très pur, du moins en apparence. Qui assurent les travaux publics ou le balayage de la gare. Des troupeaux de vélos aux feux rouges. On n'entend pas de voitures. Le pays le plus écologique du monde avec le Costa Rica, et le plus égalitaire. Le mauvais vent sert à faire tourner les éoliennes pour un bilan carbone bientôt égal à zéro. "Une honnêteté maladive", dit le Routard. Et puis, honneur au Danemark pour avoir sauvé ses juifs sous Hitler !

Un peu partout, des rois Christian et Frédéric sur des chevaux de bronze. Le Routard (ma science ne va pas plus loin) assure que, dès le XVIII° siècle, ces rois luthériens ont fait avancer le progrès social au Danemark "bien au-delà de ce que proposera la Révolution française". C'est peut-être pour ça que le Danemark fut l'allié de Napoléon contre les Anglais. Notre meilleure soirée, pour le deuxième service, à l’Admirale 26, que je vous conseille, mon lecteur au fin museau. Un grand Viking, le patron, nous a accueillis de façon charmante pour se faire pardonner les féroces razzias de ses ancêtres. Meubles vintage exactement désassortis, éclairage parfait. Nous a fait goûter toutes ses entrées. On serait restés toute la nuit…

Je me demande si Jacques Berg, mon ami danois-provençal, ne trouvera pas mes impressions trop idéalisées.


Post scriptum 1 : Jacques Berg a approuvé mes évocations mais regrette le temps où le port, maintenant transformé à l'usage des bobos comme nous, était un port marchand où il allait ramasser du charbon pendant la guerre.

Post scriptum 2 : essayé de voir Borgen. Ai trouvé le premier épisode politiquement correct bien médiocre, mal joué, dialogues plats et sans épaisseur. Jacques dit que ça a eu pour effet que les femmes se sont emparées de la politique.


Image : toile de Vilhelm Hammershøi.

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